En attendant le ruissellement, quels moyens pour les quartiers populaires ?
En annonçant le 14 novembre dernier qu’il confiait à Jean-Louis Borloo l’élaboration d’un Plan de mobilisation nationale en faveur des quartiers, Emmanuel Macron espérait sans doute désamorcer le mouvement de protestation des maires de banlieue qui avaient lancé l’appel de Grigny un mois plus tôt, dans lequel ils demandaient une mobilisation massive et urgente de l’État en faveur des territoires cumulant les difficultés sociales. Si tel était l’objectif, l’opération s’est avérée infructueuse. Initialement prévue pour la mi-février, la remise du rapport de l’ancien maire de Valenciennes a été plusieurs fois repoussée, ce qui a renforcé le sentiment d’abandon des élus locaux et des associations impliqués dans son élaboration. Leurs appels à l’aide se sont exprimés avec une intensité dramatique et une visibilité médiatique croissantes, qui ont culminé avec la démission du maire de Sevran, Stéphane Gatignon.
La remise du rapport tant attendu au Premier ministre, le 26 avril, a fait la Une de toute la presse qui a largement relayé le cri d’alarme du « père de la rénovation urbaine » et les 19 programmes qu’il propose dans son rapport. Jean-Louis Borloo et les acteurs de la politique de la ville sont ainsi parvenus à inscrire sur l’agenda politique la question des quartiers populaires qui ne figure pas, loin s’en faut, au sommet des priorités de l’exécutif. Il faudra attendre les annonces du président de la République, prévues le 22 mai, pour savoir quelles suites seront données aux propositions du rapport Borloo, présenté par son auteur comme un « plan de réconciliation nationale ». On peut cependant douter de l’adoption de ce plan, au-delà de quelques mesures symboliques, tant son approche apparaît orthogonale à celle qui guide depuis près d’un an la politique d’Emmanuel Macron.
Alors même que les quartiers populaires visés par la politique de la ville et leurs habitants ont été démesurément affectés par la grande crise amorcée en 2008, ils ont été totalement