Mariage pour tous – à propos de l’algorithme de Parcoursup
À l’heure où nous écrivons, un peu plus de 800 000 inscrits postulent à l’une des 13 000 formations proposés par le portail Parcoursup. Avec quel modèle algorithmique construit-on un outil de ce type ? Et pour quels objectifs d’affectation ?
En septembre 2017, la CNIL avait réagi au système APB et mis en demeure le ministère de l’Enseignement supérieur de « cesser de prendre des décisions sur des personnes sur le seul fondement d’un algorithme », en vertu de l’article 10 de la loi « Informatique et Libertés » (aucune « décision produisant des effets juridiques à l’égard d’une personne ne peut être prise sur le seul fondement d’un traitement automatisé de données »). À l’heure où la transparence des algorithmes est réclamée par la société civile, il est utile de revenir sur les règles qui président à leur conception et sur leurs implications.
Commençons par signaler que les capacités d’accueil des universités sont définies au niveau du rectorat (de même que les quotas de boursiers ou de bacheliers technologiques). Il en résulte qu’une solution simple pour éviter des problèmes d’affectation consiste à définir les capacités d’accueil à partir des souhaits des étudiants. Ceci va évidemment générer des problèmes de locaux, de taux d’encadrement des étudiants ou de débouchés mais guère plus que lorsqu’on décide qu’il y aura des cours de remise à niveau (le fameux « oui, si » de Parcoursup).
Dans les temps anciens, les étudiants venaient s’inscrire à l’université et les premiers arrivés étaient les premiers servis. Le premier achat du néo-bachelier était donc un sac de couchage pour passer la nuit à espérer une place.
Cependant, sur les 800 000 inscrits, il n’y aura « que » 640 000 nouveaux bacheliers [1] en se référant aux chiffres réels 2017, ce qui ferait environ 160 000 candidats en reconversion, alors que les effectifs totaux en première année à la rentrée 2017 (université + IUT + BTS + classes préparatoires aux grandes écoles) étaient d’environ 500 000 [2]