Sciences

Le social ne peut être réduit au biologique

Chercheur en écologie politique, Historien

Depuis quelques temps, sciences sociales et sciences cognitives s’affrontent. Il y a chez certains chercheurs, comme chez certains ministres de l’éducation nationale, l’idée que les premières doivent se soumettre aux secondes. Il y a surtout derrière tout cela un mythe de la scientificité qui mérite d’être déconstruit pour qu’une vraie coopération d’égal à égal puisse s’instaurer.

Les sciences sociales et les sciences cognitives sont, depuis quelques années, dans une situation de frictions disciplinaires relativement intenses. Entre les appels à la soumission des premières aux règles méthodologiques des secondes, et les refus réciproques de dialoguer, les tensions sont importantes. Elles témoignent, à notre sens, d’enjeux socio-épistémiques majeurs qui doivent permettre de mettre à plat des approches de travail partagées sur des objets qui, à défaut d’être communs, sont sécants en de nombreux points. Ces « frottements », parfois virulents, ne concernent pas uniquement le champ académique : leur instrumentalisation politique est flagrante et n’aide pas à la compréhension des enjeux.

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Or, il nous semble essentiel d’inviter chacun à réfléchir aux conditions qui rendraient possibles des échanges fructueux entre ces disciplines, et permettraient aussi d’éviter certains écueils existants. Il ne s’agit pas de méconnaître les positions de domination – notamment financières et institutionnelles – des sciences cognitives dans le champ scientifique, et réciproquement des positions de dominées des sciences sociales. Mais nous pensons qu’il est possible d’instaurer un rapport de coopération sur des fondements clairement définis, et ainsi de mettre en avant des enjeux de recherche qui nourrissent les deux ensembles de disciplines sans en léser aucune.

L’enjeu d’un échange non-impérialiste et scientifiquement fécond entre sciences sociales et sciences cognitives est de taille.

La vieille antienne nature-culture, souvent évoquée dans cet affrontement entre sciences humaines et sciences cognitives, nous semble pourtant un bien mauvais point de départ pour imaginer de telles relations d’échanges. Il est bien plus intéressant de se pencher sur la méthodologie scientifique, puisqu’elle permet d’interroger profondément les ressources épistémologiques qui permettent de penser à la fois  le social, le vivant et l’ensemble des systèmes complexes. En reprena


[1] Un exemple précis de publication à fort impact et pourtant problématique a été analysé récemment par JM Hupé pour une étude copubliée par Ernst Fehr, cité plus haut, dans le journal de référence Nature

Jean-Michel Hupé

Chercheur en écologie politique, Membre du laboratoire FRAMESPA de l'Université de Toulouse Jean Jaurès et du collectif multidisciplinaire « l'Atelier d'écologie politique » (Atécopol)

Jérôme Lamy

Historien, Centre d’Etude et de Recherche Travail, Organisation, Pouvoir, Université de Toulouse Jean Jaurès et CNRS

Notes

[1] Un exemple précis de publication à fort impact et pourtant problématique a été analysé récemment par JM Hupé pour une étude copubliée par Ernst Fehr, cité plus haut, dans le journal de référence Nature