Jean-Michel Blanquer est-il victime de « bobards » ?
Dans une interview accordée au journal Le Figaro le 15 avril dernier, Jean-Michel Blanquer affirmait « Il faut lutter contre la désinformation ».
Le ministre, agacé par des présentations qu’il juge fallacieuses de son projet de loi « Pour une école de la confiance », a aussi déploré « un festival de bobards » et des « intoxications ». À son époque, Najat Vallaud Belkacem avait également dénoncé des campagnes de désinformation menées contre sa politique éducative.

L’idée selon laquelle les citoyens sont désinformés ou mal informés est un leitmotiv récurrent des gouvernements. Dès lors, presque à leur corps défendant, ils se sentent dans l’obligation de réaliser un « travail de pédagogie » pour mieux expliquer leur réforme. Jean-Michel Blanquer n’échappe pas à cette quasi malédiction du ministre réformateur mal compris. Ses propos soulèvent la question de la réalité des désinformations suscitées par les réformes éducatives.
La perspective comparative est toujours stimulante. Les politiques éducatives mises en œuvre par Najat Vallaud Belkacem ont également fait l’objet de polémiques. Il en a été ainsi des ABCD de l’égalité dont l’objectif était de lutter contre les stéréotypes de genre dans les classes maternelles et élémentaires. Dès leur mise en œuvre, une enseignante, Farida Belghoul, à partir de dénonciations largement diffusées sur le Web, mettait en garde les parents contre la diffusion d’une « théorie du genre » et l’existence de « cours d’éducation sexuelle avec démonstration dès la maternelle ». Cette présentation des ABCD était fallacieuse. Toutefois, l’appel de Farida Belghoul à une « journée de retrait » des enfants de l’école maternelle, largement relayé par les réseaux sociaux, a provoqué dans plusieurs écoles élémentaires un taux d’absentéisme atteignant parfois 30%. Craignant un phénomène de contagion, la ministre a décidé, en juin 2014, l’abandon des ABCD de l’égalité.
L’apprentissage de l’arabe à l’école élémentaire a également fait l’objet de fake n