Politique

Pour une fédération populaire et solidaire d’Europe

Philosophe, Économiste, Politiste

Lors des récentes élections européennes seuls 50% des électrices et des électeurs se sont déplacé.e.s. Comment expliquer une telle défiance populaire ? La première réponse est à chercher du côté du fonctionnement des institutions et des traités qui créent la concurrence économique entre les États membres, organisent la polarisation de l’Europe du sud et de l’Europe de l’est, et reposent sur une démocratie partielle et partiale. En lieu et place de l’Union européenne, il est temps d’élaborer une fédération populaire et solidaire d’Europe.

À l’issue des élections européennes, la relative stabilité politique constitue manifestement un des phénomènes majeurs de la composition du nouveau parlement à Bruxelles. Certes, les partis sociaux-démocrates perdent des votes au profit des partis libéraux et verts. Les conservateurs en perdent à l’avantage des libéraux et de l’extrême-droite. Et la percée des libéraux sonne la fin de la période de la grande coalition européenne réunissant le Parti populaire européen et le Parti socialiste européen. Mais la stabilité politique est assurée dans la mesure où ces trois partis se caractérisent par une conception largement homogène des fondements de l’Union européenne.

Un deuxième phénomène majeur peut sembler contre-intuitif au regard de la couverture médiatique du scrutin. Dans les médias dominants des divers pays membres, c’est la même musique : nous assisterions à une hausse impressionnante du taux de participation. Ce message suggère que l’Union européenne aurait gagné en légitimité aux yeux des électeurs des différents pays. Or, avec un taux de participation qui dépasse à peine la barre des 50 % au niveau de toute l’UE le deuxième phénomène majeur est plutôt la faible participation. Si l’augmentation par rapport aux élections européennes de 2014 est réelle, elle ne saurait refléter l’ampleur des mobilisations des classes populaires et des jeunes (à l’instar du mouvement écologiste) qui ont manifestement préféré marcher dans la rue plutôt que d’aller voter. Plus généralement, il suffit de regarder l’évolution du taux de participation depuis les premières élections en 1979 pour constater que la tendance est fortement à la baisse.

Pourtant, un certain nombre de sujets politiques internationaux particulièrement prégnants dans la période actuelle comme le conflit commercial entre les États-Unis et la Chine, l’écologie ou encore l’immigration, tendent par leur existence même à conférer à l’UE le statut d’échelle politique pertinente. Selon un analyste « le contexte euro


[1] Voir notre introduction dans Benjamin Bürbaumer, Alexis Cukier, Marlène Rosato (dir.), Europe, alternatives démocratiques. Analyses et propositions de gauche, Paris, La Dispute, 2019.

[2] Voir les chapitres de Pablo Cotarelo et Sergi Cutillas, « Le plein emploi comme pivot de la politique économique en Espagne » et de Joachim Becker, « Développement inégal et mobilisation inégale au sein de l’UE ».

[3] Voir le chapitre d’Ana Podvršič, « L’élargissement à l’est : les succès du capital et les polarisations sociales », in ibid.

[4] Voir Cédric Durand, « Introduction : qu’est-ce que l’Europe ? », En finir avec l’Europe, Paris, La Fabrique, 2013, p. 20.

Alexis Cukier

Philosophe, Chercheur

Benjamin Bürbaumer

Économiste, Chercheur

Marlène Rosato

Politiste, Chercheuse

Notes

[1] Voir notre introduction dans Benjamin Bürbaumer, Alexis Cukier, Marlène Rosato (dir.), Europe, alternatives démocratiques. Analyses et propositions de gauche, Paris, La Dispute, 2019.

[2] Voir les chapitres de Pablo Cotarelo et Sergi Cutillas, « Le plein emploi comme pivot de la politique économique en Espagne » et de Joachim Becker, « Développement inégal et mobilisation inégale au sein de l’UE ».

[3] Voir le chapitre d’Ana Podvršič, « L’élargissement à l’est : les succès du capital et les polarisations sociales », in ibid.

[4] Voir Cédric Durand, « Introduction : qu’est-ce que l’Europe ? », En finir avec l’Europe, Paris, La Fabrique, 2013, p. 20.