Rémunérer les enseignants au mérite ?
L’amélioration de la performance de l’action publique grâce à l’augmentation des rémunérations des fonctionnaires en fonction de leur engagement est une doxa aujourd’hui très largement affirmée. Pourtant, y compris chez des analystes libéraux, les publications ne manquent pas qui témoignent de la faiblesse des effets du salaire au mérite sur la qualité de l’action professionnelle et qui devraient donc nourrir le doute sur sa capacité à améliorer le service public.

Tout semble procéder d’une logique évidente et simple qui devrait s’imposer à nos jugements : si les enseignants étaient rémunérés au mérite, c’est-à-dire en fonction de leur capacité à faire réussir leurs élèves, cela constituerait un facteur de motivation profitable au système scolaire entier et à la démocratisation de la réussite scolaire. « La rémunération au mérite crée de l’émulation entre les enseignants. Elle renforce la prise en compte des élèves et de leurs résultats » affirmait Hervé Mariton. Puisque le principe d’une rémunération différenciée paraît porter un progrès évident, vouloir le contredire ne pourrait obéir qu’à des logiques corporatistes égoïstes et dépourvues des perspectives de l’intérêt général. Aussi, la résistance d’une grande partie des personnels et de leurs syndicats ne témoignerait que d’une vision jugée archaïque de la gestion des ressources humaines, incapable de rompre avec les principes classiques d’une rémunération uniforme des fonctionnaires variant essentiellement sur le point d’indice et l’ancienneté.
Depuis l’affirmation du dogme de rationalisation des choix budgétaires à la fin des années soixante, la rémunération au mérite est progressivement devenue un des éléments incontournables de tous les projets politiques de modernisation du service public. Au-delà de quelques variantes dans le discours et les mises en œuvre réglementaires, les alternances politiques n’ont entraîné aucune véritable rupture de fond sur le sujet. Emmanuel Macron ne fera pas exception, en annon