Société

Les communautés au secours de l’État social ?

Historienne

Alors que le modèle social français vacille sur ses bases, le gouvernement français a pris des mesures qui font craindre aux associations un manque à gagner de plus de 10 milliards d’euros par an. Une décision à contre-courant de l’imaginaire social, comme le montre le succès du film Hors Normes où l’on voit le travail d’associations, parfois communautaires, auprès d’autistes délaissés par les institutions et un État géant pataud, désargenté et corseté dans ses propres règles et normes.

En seconde lecture du projet de loi de finance 2020, le 17 décembre 2019, une majorité de députés – avant tout LREM – a réintroduit dans l’article 50 une mesure que les sénateurs avaient supprimée : une diminution de 60 à 40 % du taux de réduction d’impôt accordé aux entreprises pour les actions de mécénat dépassant 2 millions d’euros par an. La raison première de cette diminution serait les abus de grands groupes qui l’utiliseraient à des fins d’allégement fiscal.

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Il s’agit d’une décision qui suit une logique purement financière et qui, comme souvent en suivant ces logiques, méconnaît ses effets sociaux. Si la déduction d’impôt était importante, elle permettait de faire entrer dans les caisses de très nombreuses associations une manne financière absolument vitale pour le maintien en vie de ces corps intermédiaires et la poursuite des tâches que l’État social leur a déléguées. Ce n’est pas faute d’avoir prévenu le gouvernement des conséquences.

Des associations s’étaient pourtant mobilisées : un collectif, les Pelicans, avait souligné qu’entre la fin de l’ISF et cette mesure le manque à gagner pour les associations atteignaient plus de 10 milliards d’euros par an. Ainsi en deux ans et seulement deux dispositions, c’est une part significative de ce qui reste de l’État social français qui a été démantelée.

Paradoxe d’une volonté de réforme étrangère à la réalité du fonctionnement social français, cet article est voté alors que le film Hors Normes d’Eric Toledano et Olivier Nakache connaît un immense succès populaire. Le gouvernement et sa majorité rament donc à contre-courant de l’imaginaire social.

Largement inspiré par des faits et des personnages réels, le film relate le quotidien de l’association « le Silence des Justes » qui prend en charge des jeunes atteints par des formes d’autisme particulièrement aiguës. Pour accompagner ces personnes, la structure fait appel à de jeunes hommes et femmes peu qualifiés venus des quartiers populaires, enfants de l’i


[1] Agence régionale de santé, Centre d’accueil de jour médicalisé, centre de soins de suite et de réadapation.

Caroline Izambert

Historienne, Responsable mobilisations citoyennes et plaidoyer de l'association AIDES

Mots-clés

Laïcité

Notes

[1] Agence régionale de santé, Centre d’accueil de jour médicalisé, centre de soins de suite et de réadapation.