Politique ambiance Gogol
Dans son livre Les Âmes mortes, le célèbre écrivain russe raconte l’histoire d’un homme qui parcourt son pays afin d’acheter à vil prix des paysans-serfs décédés, que l’administration fiscale considère encore comme vivants. Tchitchikov, héros ambigu, espère ainsi s’enrichir par un jeu d’écriture qui pourrait rappeler nombre de montages financiers contemporains. Une arnaque basée sur du vide.
En relisant ses pérégrinations, nous n’avons pu nous empêcher de dessiner un lien avec l’époque que nous vivons et plus particulièrement avec la campagne des élections municipales françaises qui se dérouleront dans quelques jours. Si la question des épidémies traverse l’ouvrage, c’est bien le projet de Tchitchikov d’enrichissement sur le vide qui concentre notre attention – et ce potentiel de comparaison.
L’heure des caméléons
Le scrutin municipal qui vient aura été marqué, plus que jamais, par la dissimulation quasi systématique des partis politiques et des étiquettes qui s’y associent. Aucun camp n’est épargné, ou presque. Il y a bien sûr pour chaque dissimulation des raisons particulières, locales et nationales, qu’on comprend bien.
Les improbables candidats LREM d’hier, souvent en place grâce à leur intégration expresse au parti présidentiel il y a trois ans, espèrent cette fois échapper à l’impopularité de l’exécutif en faisant apparaître ce dernier le moins possible. Plus à droite, les républicains ne savent plus trop quoi faire d’un parti dépouillé par Macron et traumatisé par l’épisode Fillon. Soyons honnêtes : c’est sans doute à gauche que les étiquettes sont les plus mortes. Qui oserait aujourd’hui brandir le poing et agiter la rose pour « conquérir » une municipalité ? Même le clivage gauche/droite n’apparaît plus dans les campagnes électorales que par intermittence.
Conséquence de cette épidémie, tout le monde est « citoyen(ne) ». Et comme dans le livre de Gogol, où Tchitchikov s’informe sur les épisodes de maladies collectives et autres drames avant ses