Politique

Coronavirus en France : la stratégie de la ligne Maginot

Philosophe, Économiste

Alors que le président Macron s’apprête à annoncer de nouvelles mesures visant à tenter d’endiguer la propagation du coronavirus, il est temps d’interroger la stratégie de ligne Maginot qui lui a trop longtemps tenu lieu de politique. Et aussi de pointer le danger qui consiste à demander à « la Science » de décider sans prendre la peine d’y associer les citoyens, creusant le risque au lieu de l’atténuer. Il est temps de leur permettre de devenir de véritables acteurs de la gestion du risque.

La situation de la France peut étonner : les cas se multiplient de jour en jour, à un rythme effréné, quand d’autres pays, comme Taïwan, sont stabilisés à un niveau très faible. Que fait le gouvernement ? Quelle est sa stratégie ? Les prises de parole sont multiples, on s’interroge un peu. Cherchons d’abord à comprendre.

Un expert en communication pointe les nombreuses incohérences : « le vendredi 24 janvier sur BFM-TV la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye mélange grève et coronavirus. Que doit comprendre le citoyen ? » Avouons que les moyens de s’informer sont un peu opaques. Au 12 mars 2020, entrer « coronavirus » sur le site des actions du gouvernement donne « Vérifiez si votre syntaxe est correcte, ou essayez de supprimer des filtres ».

Chercher sur le site web du gouvernement donne des éléments épars : les « gestes barrière » (qui ne semblent pas très efficaces, à juger du résultat…), des déclarations, une lettre aux maires. C’est assez décousu. Un aspect crucial ne figure pas : le coronavirus, est-ce que c’est grave ? Alors que la comparaison avec la grippe est omniprésente, dans le débat public, la page consacrée aux « questions que vous vous posez » n’apporte aucune réponse à ce sujet pourtant décisif.

On peut rétorquer que la réponse est difficile. Peut-être, mais des chiffres circulent : 3 % en Chine en janvier, 0,7 % en Corée, au niveau le plus bas. Le plan de référence sur la pandémie grippale, public, mais difficile à trouver, évoque « les enseignements des pandémies passées : une faible sévérité apparente peut cacher un bilan final très pénalisant. En 1957-58, on a déploré 1 décès pour 300 malades, évoquant une maladie très bénigne. Mais, pour 10 millions de malades, bilan fréquent en pandémie, cela s’est traduit par 30 000 décès au minimum en France ». Or 1 pour 300, c’est 0,3 %… donc moins grave que les chiffres qui circulent d’autant plus librement sur le coronavirus que le gouvernement n’a apparemment aucun avis sur le sujet. Ce n’est pas sérieux.

Bien sûr rien n’est certain. Mais précisément ce sont les caractéristiques d’une situation risquée qui doivent être établies, si l’on veut avoir une chance de gouverner, c’est-à-dire de prévoir. Or le Covid-19 n’est pas n’importe quel risque : il se caractérise par une probabilité faible, ou plus exactement incalculable, dans un premier temps, quand les chiffres sont encore bas, et une gravité possiblement importante, vu les précédents évoqués par le plan Pandémie. C’est ce qu’exprime cette hésitation lancinante qui habite le débat public : s’agit-t’il d’une « simple grippe » ou une pandémie nécessitant des mesures d’exception ?

La formule usuelle pour calculer un risque est la suivante : Risque = Aléa x Gravité. Ainsi la prime d’assurance d’un conducteur est le produit de sa probabilité d’accident, calculée sur les grands nombres (lesquelles dépendent de catégories statistiques telles que « les jeunes », « les mères de familles », etc.) par le coût de chaque événement. C’est la raison pour laquelle les jeunes paient plus cher.

Cette formule indique que le Covid est un risque très particulier. Il se caractérise par un aléa incalculable, mais souvent très faible (relativement peu de morts, en rapport à la population), et une gravité possiblement très grande (10 millions de personnes à résidence), mais inconnue, puisqu’aucune statistique n’est disponible, la maladie étant nouvelle.

Ce risque a un nom : c’est un risque dit « majeur » (Loi no 87-565 du 22 juillet 1987). Il s’appréhende par la précaution, et non par la prudence : c’est son trait distinctif. La prudence s’applique dans le cas de risques statistiquement calculables, la précaution dans le cas des risques incalculables. L’exemple-type est l’accident nucléaire : les centrales n’explosent jamais, ou presque, donc nous n’avons aucune base statistique sérieuse pour anticiper l’événement ; mais quand elles explosent, c’est « grave ».

Bien sûr ce qui est « grave » est relatif, et dépend d’un jugement normatif. Ce qui est grave pour les uns ne l’est pas pour les autres. Mais l’important est ailleurs : il est que le risque majeur, quand il se réalise, déborde toujours les capacités de gestion d’une société. Elle doit toujours inventer, basculer dans l’inédit. Le nucléaire peut encore servir d’exemple : à la différence des accidents de la route, qui se produisent avec une régularité de métronome, et qui disposent donc de l’infrastructure nécessaire (nombre de lits, assurances, places dans les cimetières…), puisqu’ils sont probabilisables, un accident nucléaire mobilise des ressources qui ne sont disponibles nulle part, dans la mesure où c’est un événement qui ne se produit jamais.

Pas de lits pour irradiés ni de pompiers spécialisés en nombre suffisant, qu’on aurait entretenu à ne rien faire pendant des décennies. Bien sûr le trait est un peu forcé à des fins pédagogiques, en réalité des plans existent, cependant le point essentiel est qu’ils font nécessairement une part importante à l’invention, en situation, précisément parce qu’on est forcément dans l’inédit.

Or que fait le gouvernement ? À la rubrique « ce qu’il faut savoir » d’Info-Coronavirus, les stades sont détaillés : stade 1, freiner l’introduction du virus (mesures aux frontières) ; stade 2, existence de cas groupés, limiter la propagation ; stade 3, le virus circule sur tout le territoire, limiter les conséquences de la circulation du virus. Rien n’est dit de plus.

La dernière lettre aux maires de France n’est pas plus loquace sur ces trois stades, à quoi ils servent et la stratégie générale dans laquelle ils s’inscrivent. La stratégie est toujours de « ralentir » le virus. En cherchant bien, on trouve le document de référence. Présenté comme « accessible au grand public », il fait 78 pages et n’a pas les qualités de lisibilité requises : c’est un document administratif. Les faiblesses de communication continuent donc. Les quatre stades sont clairement décrits, le stade 3 apparaissant avec une très forte poussée, un « pic », présenté comme « inexorable », suivant les mots du Président.

Les moyens de préparation listés visent presque tous les services de l’État ou les entreprises, même s’il est mentionné en passant que chaque citoyen doit devenir « le gestionnaire de la crise à son niveau », ce qui signifie : implication dans les associations, la réserve de la police nationale, limiter son absentéisme, aider les personnes âgées, etc. Et non pas en premier lieu implication dans les « gestes barrière », élément crucial de la stratégie, avec la répartition accrue et judicieuse des capacités de soin, et la production rapide d’un vaccin.

Les éléments de stratégie de communication sont indiqués page 26 : maintenir la confiance de la population, en informant sur la situation, favoriser l’adhésion aux mesures prises en expliquant les mesures prises, et permettre aux citoyens d’être acteurs en transmettant les conduites à tenir. Le citoyen est passif. Comme on est en démocratie, on ne peut pas lui donner des ordres, alors il est « invité », « recommandé » etc. Mais il n’est guère question de l’impliquer de manière active. La Science décide.

Chacun comprend facilement que, face à un risque majeur, pouvant déborder les capacités de la société, en dépit d’un dévouement admirable des services, la précaution doit être mise en œuvre. Le principe de précaution est défini dans la législation française comme un principe selon lequel « l’absence de certitudes, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas retarder l’adoption de mesures effectives et proportionnées visant à prévenir un risque de dommages graves et irréversibles à l’environnement, à un coût économiquement acceptable »[1].

Parmi les mesures effectives et proportionnées, ces fameux « gestes barrière » : se laver les mains, éternuer dans sa manche, porter un masque quand on est malade. Ces mesures sont effectivement d’un coût très bas, autant dire qu’il ne faut pas s’en priver. Ce sont eux qui pourraient empêcher la propagation du virus.

Est-ce pourtant sur ces gestes que le gouvernement a mis l’accent ? Au contraire. D’abord, rien de clair sur la dangerosité. Ensuite, tout l’effort semble porter sur la montée en charge de la « ligne Maginot » de la santé. De plus le Plan lui-même, calqué sur le comportement de la grippe, part battu d’avance : l’enjeu n’est que de « ralentir » la propagation.

Les consignes elles-mêmes sont peu claires : dans le Plan, le masque est mentionné dès le stade 1, sans précisions, alors que dans la communication du gouvernement, il ne sert qu’aux malades. Pendant ce temps, chacun peut voir que les habitants des pays asiatiques ont tous mis des masques. En cherchant bien sur le site Info-coronavirus, on comprend également que le coronavirus se transmet lors d’un simple face à face de plus de 15 minutes avec autrui, s’il se produit à une distance de moins de 1 mètre.

Se laver les mains ou éternuer dans sa manche ne suffit donc pas. Ce fameux mètre est arrivé assez tard dans la communication, et il étonne un peu puisqu’il semble maladroitement remplacer l’absence du masque. Enfin le Plan est prévu pour la grippe, dont les symptômes se déclarent en 24 ou 48h : le Covid, lui, peut attendre 14 jours.

La seule manière de débusquer les personnes porteuses serait de les tester, comme le fait la Corée, à grande échelle. Mais la France teste peu. Pourquoi ? Sans test, personne ne sait s’il contamine ou non, nul ne sait où est la maladie, sauf avec 14 jours de retard. Le citoyen n’est pas mis en capacité d’agir. Il ne peut décider suffisamment des gestes à mettre en place. Dès lors comment s’étonner d’une courbe à l’italienne ? Dans un « grand pays » comme la France ? Quel est donc ce système de santé qui paraît débordé ? La réponse est : un système sans le citoyen.

Écoutons ce que dit un spécialiste de la cybersécurité, au sujet des leçons « à tirer (en urgence) des succès contre l’épidémie en Asie ». L’une d’entre elles est de tester en masse, comme l’a fait la Corée (15 000 tests/jour en février) et l’Allemagne (12 000). La France serait autour de 1 000.

« La contagion mondiale de la crise sanitaire était un scénario probable, identifiable il y a 4 à 8 semaines. Pourquoi ne pas avoir vérifié les capacités de dépistage au cas d’un scénario de flambée épidémique comme en Chine ? En outre ne pas tester les cas suspects, même non graves, risque d’attiser la colère et la peur de nombre de citoyens qui pourront y voir là un signe d’impéritie de l’État, comme cela s’exprime aux États-Unis. Il s’agit d’un élément clé de contrôle car certaines études ont montré que la moitié des infections se réalisaient lorsque les patients ne montraient pas encore de symptômes (48% à Singapour, 62% à Tianjin en Chine) ». La Corée teste les gens dans leur voiture, pour éviter les contacts.

Ce spécialiste attire l’attention sur un autre cas : Taïwan. « Avec 23 millions d’habitants, Taïwan recevait en 2019 2,7 millions de visiteurs venant de Chine, quand 800.000 de ses citoyens résident en Chine. » Or, répétons-le : 47 cas à ce jour. Mais comment font-ils, pour être aussi bons ?

Citons, un peu longuement : « La République a agi de manière proactive, très en amont – et pas de manière graduelle comme on le voit en Europe. Dès le 20 janvier, trois jours avant la décision du “lockdown” sur la ville de Wuhan, Taïwan activait le Central Epidemic Command Center. Depuis 15 jours déjà, tous les cas suspects étaient dépistés sur plus de 26 virus. Par la suite des systèmes d’identification et de contrôle/gestion des cas ont été mis en place, utilisant par exemple la nécessité de déclaration d’état de santé aux ports d’entrée via formulaire sur application mobile en ligne puis suivi par SMS (un système monté en 78 heures). La production de masques a également été gérée de manière proactive, avec plus de 4 millions de masques chirurgicaux produits quotidiennement dès le 30 janvier, avec l’aide des soldats de l’armée réquisitionnés pour l’occasion – et une production qui va monter à 10 millions de masques par jour à partir du 2 février. Les résultats de cette politique proactive : au 9 mars, Taïwan ne comptait que 45 patients malades du COVID-19. »

Le collectif touché doit parvenir à construire une représentation commune, en travaillant non des certitudes, mais des questions.

Pendant ce temps, la France misait surtout sur la Ligne Maginot : la montée en puissance des services de santé. Conclusion de notre spécialiste : « L’Asie développée démontre qu’elle surclasse technologiquement l’Europe dans la gestion de crise. » Pas seulement technologiquement. Fabriquer des masques, et organiser des tests, c’est une performance avant tout organisationnelle.

En effet Taïwan ne s’est pas contenté de piloter des technologies : le pays s’est organisé. Mais que veut dire « s’organiser » ? Appliquer un plan ? C’est un peu plus compliqué que cela. Écoutons Patrick Lagadec : dans une situation de risque majeur, l’inconnu fait partie de l’équation, il ne faut surtout pas dire ce qui est (comme le fait le gouvernement) mais nouer le dialogue. « Tout discours préétabli sera forcément perçu comme faux », et cela pour une raison bien simple : tout le monde voit bien que la situation est inédite.

Toute tentative de se rabattre sur un plan tout fait témoignera donc d’un dogmatisme, et non d’une compétence. Le collectif touché doit parvenir à construire une représentation commune, en travaillant non des certitudes, mais des questions (les bonnes questions, celles que les gens se posent, et qui ont une réelle portée) ; non des résultats, mais des processus (auxquels chacun peut s’agréger, participer, devenir acteur de sa situation).

Là encore ce n’est pas exactement la stratégie gouvernementale, du moins pas à l’endroit des citoyens, même si la situation s’est un peu améliorée avec le changement de ministre. Encourageons chacun à aller voir sur le site de cet auteur toutes les actions à ne pas entreprendre dans la situation actuelle : on y verra un certain nombre de traits observables dans la situation actuelle. La Science décide.

Dans le domaine des STS, cette manière de pratiquer l’expertise en mettant « un » expert gouvernemental en avant a montré très nettement ses limites, dont le symbole est évidemment le nuage de Tchernobyl qui se serait « arrêté à la frontière ». Pourquoi ? Pour une raison simple, bien connue en philosophie : on ne peut pas déduire ce qui doit être de ce qui est.

Les experts peuvent bien être les meilleurs du monde en virologie, comme l’a dit le Président le 12 mars, il ne s’en suit pas qu’ils aient le monopole de « ce qu’il faut faire », à savoir du normatif. Ils n’ont pas non plus le monopole de « ce qui est » : sont-ils experts en circulation automobile, en approvisionnement en masques, en pâtes, en organisation des cours dans les écoles ? Assurément, non. On mesure donc la prétention excessive de ces experts – or c’est une caractéristique bien repérée en STS que les experts exagèrent leur domaine de compétence.

Pour Victor Pu, Taïwan a démontré que la démocratie et le « free flow of information » étaient supérieurs à la Chine autoritaire. C’est sans doute aller un peu vite en besogne, mais quand même, le cas est effectivement intéressant. Pour ce que nous pouvons en voir, Taïwan ferme ses frontière le 22 janvier. Un couple sorti de quarantaine trop tôt le 7 février écope d’une amende de 10 000 dollars US. Tout voyageur entrant sur le territoire doit produire une déclaration de santé ou payer une amende de 5 000 dollars US.

Le 14 février, le gouvernement de Taipei recherche activement trois visiteurs venus de Hong Kong ayant disparu ; rattrapés ils écopent d’une amende de 2350 dollars chacun et sont mis dans des quartiers spéciaux de quarantaine. Le 20 février les Coréens sont également devenus indésirables. Une main de fer, donc. Mais Taïwan a aussi alloué des ressources pour que les citoyens puissent agir : masques en quantité, prix plafonné, peines de prison de 1 à 7 ans pour qui profiterait de la situation, 500 000 masques distribués aux enfants gratuitement, forte amende pour diffusion d’information fausses (jusqu’à 100 000 dollars), allongement des vacances scolaires, mesures de nettoyage dans les transports publics.

Taïwan c’est aussi une information guidée par les principes de Lagadec, semble-t-il : information sur les processus, remontées de questions, véritable travail public de la vérité, les amendes ayant été rarement appliquées (d’après Wang). C’est une carte interactive permettant de trouver les ressources, notamment les masques. Deux organes de fact-checking, TFC et MyGoPen, sont des institutions indépendantes du gouvernement, une tierce-partie neutre, pour éviter d’alimenter le complotisme, qui émerge assez inévitablement de stratégies telles que « les experts sont formels », à la manière du gouvernement français.

L’expertise de qualité est indépendante des intérêts en jeu, c’est un repère élémentaire : elle ne peut pas être confondue avec celui qui organise la production de masques ou met les gens en prison, sinon on pourra à juste titre considérer qu’elle subit des pressions invisibles. À ce titre, le rôle de la BBC en Angleterre a souvent été souligné, qui continuait à donner la parole aux Argentins en pleine guerre des Malouines : le contraire de la propagande.

Résumons : la montée en puissance du système de santé est crédible, c’est la « ligne Maginot ». Et la ligne Maginot était une merveille, à l’époque. Mais rien ou si peu conduit les citoyens à devenir acteurs de la situation. Or ce sont eux qui ont la clé la plus importante, qu’on le veuille ou pas, puisque c’est parmi eux que circule le virus.

L’enjeu, à savoir la dangerosité, et les risques pour l’économie, n’ont jamais été clairement affichés, et ne le sont toujours pas à l’heure où nous écrivons (12 mars 2020). Un élément de base du dispositif, le masque, manque à l’appel. L’usage des tests de diagnostic est mentionné mais il n’est pas précisé : or chacun peut constater que la Corée teste en masse, c’est une variable clé pour empêcher la diffusion.

L’ensemble du plan est dimensionné comme il l’indique lui-même : freiner la propagation du virus et le nombre de morts. Ce sont les corps qui sont gérés, et non les esprits : un cadre foucaldien s’appliquerait parfaitement. À aucun moment, par exemple, il n’est indiqué de technique visant à s’assurer que la communication est bien comprise, ou que le sens profond des gestes barrière est bien saisi. Pas de stratégie sur les réseaux sociaux.

Les comportements de tous les jours, en France, contrastent de manière saisissante avec ceux observés en Corée ou à Taïwan. L’insouciance domine assez largement, et pourquoi en serait-il autrement puisque le gouvernement se veut « rassurant », comme le prévoit le plan. Le gouvernement ne met rien en place pour s’assurer de si les messages clé sont compris.

Concluons sur l’excellente intervention du président de la République, le 12 mars au soir. Enfin, un représentant des pouvoirs publics dit clairement l’importance de l’engagement des citoyens. Il aura pour cela fallu attendre que les chiffres de contamination finissent par inquiéter. Ces chiffres ne sont que le résultat d’un volet défaillant de la gestion de crise. Une conception maladroite de l’expertise, une manière paternaliste de gérer les événements, un dévouement certes sans failles d’un corps médical extrêmement compétent mais pas omnipotent. Compter sur l’intelligence des foules est payant.

Quelques jours après que Brigitte et Emmanuel Macron soient allés au théâtre « pour inciter les Français à sortir malgré le coronavirus », Edouard Philippe a « traversé la rue », vu des Français irresponsables attablés dans les cafés : il a décrété la fermeture de tous les lieux de convivialité. Emmanuel Macron ne cesse d’annoncer des mesures exceptionnelles, « quoiqu’il en coûte » : comme Nicolas Sarkozy en 2008, qui a socialisé les pertes abyssales générées par le comportement irresponsable des banques ? En attendant la suite, dans leur grande sagesse, les Français achètent des pâtes.


[1] La loi du 2 février 1995, dite loi Barnier, fournit cette définition insérée à l’article L.200-1 du code rural.

Fabrice Flipo

Philosophe, Professeur à l'Institut Mines-Télécom Business School, chercheur au LCSP (Université Paris-Cité)

Élodie René

Économiste, Doctorante à l'université de Northampton

Mots-clés

Covid-19

Notes

[1] La loi du 2 février 1995, dite loi Barnier, fournit cette définition insérée à l’article L.200-1 du code rural.