La langue maternelle des immigrés n’est pas l’arabe
Dans une atmosphère politique marquée par l’horrible décapitation d’un enseignant (que rien ne peut justifier et que nous condamnons de toutes nos forces) et par la lutte contre le « séparatisme », le ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer, après Najat Vallaud-Belkacem a exprimé, le 6 octobre 2020, sa volonté de renforcer et de normaliser l’enseignement de la langue arabe dans le cadre de l’école de la République, pour éviter, disait-il, que des structures périscolaires parallèles s’emparent de cet enseignement et dispensent un message plus religieux que linguistique.
Hakim el Karoui[1], dans un rapport remis récemment au gouvernement, souligne que le nombre d’élèves apprenant l’arabe au collège et au lycée a été divisé par deux, alors qu’il a été multiplié par dix dans les mosquées. Malgré la réalité de cette dérive de l’enseignement de l’arabe, Jean-Michel Blanquer n’ignorait pas qu’il allait soulever autant de passions que d’interrogations, car l’enseignement de la langue arabe pose un réel problème à la société française. Cette langue est en effet instrumentalisée à des fins politiques au lieu d’être une langue de culture et de savoir comme toutes les autres langues dignes d’être transmises sans arrière-pensées.
Or il nous semble très dangereux d’associer une langue (l’arabe) et une religion (l’islam) et de sous-entendre que l’immigration est entièrement arabe donc musulmane, ce qui est loin de la réalité historique et sociale. Qu’en est-il des subsahariens ? Des Bambaras, des Peuls, des Swahilis pratiquant pourtant l’islam et ignorant la langue arabe. Si le ministre de l’éducation nationale se réfère à la seule immigration issue des pays du Maghreb, il est vrai qu’elle est dans sa très grande majorité musulmane, mais elle est loin d’être arabe et/ou arabophone.
Les premières vagues d’immigration ont été surtout composées de Kabyles et Chaouias (pour l’Algérie), Chleuhs, Amazighs et Rifains (pour le Maroc) ; selon plusieurs études, l