Toujours plus proches ? Pour une écologie des rythmes
Depuis quelques mois, l’actualité de la Covid-19 alterne entre deux rythmes : aux dénonciations de lenteur administrative dans l’organisation de la vaccination, succèdent les appels à l’accélération dans l’administration du vaccin. Rarement le maître des horloges avait semblé aussi désorienté ! D’autant que la rapidité de la diffusion des variants signifie une nouvelle course contre la montre.
Que chacun de ceux qui souhaitent se faire vacciner, et j’en fait partie, ait hâte de recevoir une première injection, est fort compréhensible. Mais il n’en reste pas moins que ces incantations à l’accélération doivent nous interroger et nous inciter à poser le débat à une autre échelle, non plus seulement sanitaire mais planétaire, où se questionne l’enjeu d’une écologie des rythmes pour l’avenir de l’humanité. Et nul besoin pour cela d’attendre les résultats de l’enquête de l’OMS sur les origines de l’actuelle pandémie de coronavirus ! En 2016, un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) a souligné que 75 % de toutes les maladies infectieuses émergentes chez l’être humain sont des zoonoses, à savoir, des maladies opportunistes étroitement liées à la santé des écosystèmes. Autrement dit : propagation des virus et crise écologique sont liées.
Or la crise écologique actuelle est aussi le fruit de l’accélération des perturbations anthropiques sur la planète terre, que les climatologues Will Stephen et Paul Cruzen, ainsi que l’historien John Mac Niel, ont appelé en 2005 la « Grande accélération » pour insister sur la dimension rythmique de ce phénomène. Si cette « Grande accélération » a pris forme à l’heure de l’industrialisation, elle a été en quelque sorte préparée philosophiquement par une tension de la vie sociale vers la promptitude qui marque l’émergence de la modernité chrétienne, et dont on peut faire remonter les prémices au milieu du XVe siècle. Formulée d’abord dans la sphère des échanges économiques (avec le développement du capi