économie

Espace à vendre – de retour du Congrès international d’astronautique

Sociologue, Sociologue

Jeff Bezos l’avait prouvé en y faisant une brève incursion en 2021 : l’espace est en vogue, et pas seulement chez les milliardaires. En ligne de mire, l’organisation de vols commerciaux, le business des satellites ou, pourquoi pas, la colonisation de la Lune. Des plans sur la comète ? Peut-être, mais les investissements attirent. Fin septembre, toute une faune de space enthusiasts s’est réunie à Paris, le temps d’un Congrès annuel mêlant ingénieurs et startuppers, agences spatiales étatiques et compagnies privées. Compte-rendu d’un écosystème qui ne touche plus toujours Terre.

À peine une dizaine d’années aura suffi à rallumer tous azimuts les acteurs de l’industrie de l’espace. Sous les auspices d’un « New Space » désormais sur toutes les lèvres et d’une course à la Lune relancée, États, agences et start-ups occupent désormais les pas de tir, l’eldorado en ligne de mire et des récits de science-fiction plein la tête. Dans cette agitation, on ne distingue pas toujours qui va où et pourquoi, et surtout, si les priorités de l’industrie obéissent à une quelconque forme de rationalité, voire d’utilité sociale. À la grand-messe de l’astronautique qui s’est tenue à Paris en septembre, nous avons voulu en savoir plus.

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Un si petit monde

« Space for all » : le slogan de cette 73e édition du Congrès d’astronautique internationale (IAC, en globish) résume une promesse intemporelle, celle d’un espace qui appartiendrait à l’humanité, durable, responsable, inclusif, à la hauteur des enjeux multiples auxquels font face les sociétés postindustrielles. L’IAC est un étrange mélange des genres pour les profanes. Congrès technico-scientifique, foire commerciale, arène politique, outil de réseautage et d’entre-soi professionnel, source de divertissement, prétexte touristique, cour des miracles et de récréation pour enthousiastes de la conquête : c’est tout à la fois, et les différences sont subtiles entre ces registres.

Les milliers de congressistes – 9 300 au compteur officiel – se partagent entre diverses catégories parfois interchangeables. On y croise des ingénieurs, des scientifiques, des responsables d’agences, des influenceurs de la cause spatiale, des marchands en parade, des entrepreneurs en recherche de visibilité, mais aussi des officiels des États cravatés, des politiques intéressés, etc. Des VIP émergent de cette masse d’astronauticiens badgés venus de 110 pays.

Lors de la journée portes ouvertes, les astronautes de l’ancienne génération Jean-Loup Chrétien, Claudie Haigneré et Jean-François Clervoy promeuvent l’histoire des vols habités


[1] Voir notamment Christophe Bonnal, Jean-Marc Ruault, Marie-Christine Desjean, « Active debris removal : Current status of activities in CNES », Proc. 6th European Conference on Space Debris, Darmstadt, Allemagne, 22-25 avril 2013 (ESA SP-723, août 2013) ; Christophe Bonnal, Pollution spatiale : l’état d’urgence, Paris, CNRS Éditions, 2016 ; Arnaud Saint-Martin, « Du big sky à l’espace pollué : l’effet boomerang des débris spatiaux », Mouvements, n° 87, 2016, pp. 36-47.

Arnaud Saint-Martin

Sociologue, Chercheur au CNRS, rattaché au Centre européen de sociologie et de science politique de la Sorbonne (CNRS, EHESS, Paris 1)

Irénée Regnauld

Sociologue, doctorant en sociologie à l'EHESS/INSA

Notes

[1] Voir notamment Christophe Bonnal, Jean-Marc Ruault, Marie-Christine Desjean, « Active debris removal : Current status of activities in CNES », Proc. 6th European Conference on Space Debris, Darmstadt, Allemagne, 22-25 avril 2013 (ESA SP-723, août 2013) ; Christophe Bonnal, Pollution spatiale : l’état d’urgence, Paris, CNRS Éditions, 2016 ; Arnaud Saint-Martin, « Du big sky à l’espace pollué : l’effet boomerang des débris spatiaux », Mouvements, n° 87, 2016, pp. 36-47.