Tuer un enfant : oui, si c’est un « nuisible »
Deux policiers interpellent un jeune conducteur à l’arrêt. Il a 17 ans, pas de permis, il vient de brûler (diront-ils) plusieurs feux rouges. Un policier tient l’enfant en joue, à quelques décimètres de distance. On entend : « Tu vas recevoir une balle dans la tête ». On apprendra que l’un des policiers le frappe trois fois à la tête. Le véhicule démarre quand même. Le policier tire, visant au coeur : la balle traverse le bras de l’enfant et sa poitrine. Le véhicule part dans le décor.

La scène, « grâce à Dieu », est filmée. Le meurtre est intentionnel, annoncé. La police explique que le jeune fonçait sur les policiers : le démenti filmé apparait presqu’aussitôt sur les réseaux sociaux. Il n’y a rien à dire, le policier passe aux aveux, les plus hautes autorités appellent la justice à passer, le brigadier est inculpé et incarcéré.
Et voilà que malgré le mensonge flagrant, trop habituel, de la hiérarchie, les syndicats policiers s’insurgent : le brigadier est « présumé innocent » (non : il y a flagrant délit, il n’a droit qu’à un procès équitable qui reconnaîtra éventuellement des « circonstances atténuantes »), il ne faisait qu’appliquer la loi, qui autorise à tirer en cas de « délit de fuite ». Le législateur avait oublié de préciser « à tirer dans les pneus ». Eux, ils avaient compris : « à tirer dans la tête ou au coeur ». Tirer pour tuer. Une condamnation à mort administrative et sans appel. Voilà ce qu’ils avaient compris.
La palme reviendra aux syndicats Alliance et UNSA-Police qui invoquent la « guerre » en cours contre les « nuisibles », où la police incarnerait la « résistance ». La guerre excuse tous les meurtres volontaires, dès lors qu’il s’agit d’ennemis. Plus précisément de « nuisibles ». Un terme repris de la Radio des Mille Collines, qui orchestra le génocide du Rwanda.
L’avocat de l’assassin commence par un communiqué d’une insigne maladresse : « Le brigadier présente ses excuses à la famille ». Oops ! Mes excuses, Madame. Il ne précise pa