Quel avenir pour la ferme Europe ?
Aux Pays-Bas, en Allemagne, en France, l’Europe agricole est en ébullition. Les problèmes des agriculteurs suscitent généralement un élan de communion quelque peu factice ou au moins éphémère. En France les plus lyriques ou cyniques aimeront évoquer une âme éternellement paysanne à défaut que le pays en ait encore la structure sociale.

S’y ajoutent généralement des vigoureuses prises de position syndicales visant à dénoncer en vrac l’abandon des agriculteurs, la perversité de l’Europe, l’inconséquence des consommateurs, la duplicité de la grande distribution, les pulsions agricolicides des écologistes – pardon, des écoterroristes – et l’incompétence de tous. Cette somme de clichés, même en partie fondés, ne constitue pas un diagnostic et n’ouvre sur aucune thérapie.
Ce chœur aguerri de médecins de Molière nous distrait de l’analyse des tendances de fonds et des causes de l’évolution présente de l’agriculture européenne laquelle est effectivement assez inquiétante pour que toute personne soucieuse de bien public et de souveraineté s’en préoccupe. Le mouvement actuel de protestation n’est que l’ultime réplique des mouvements nombreux qui ont émaillés l’industrialisation de l’agriculture depuis la fin de la seconde guerre mondiale, et si l’on en juge aux statistiques d’âge c’est le dernier. Nous sommes contemporains de la dernière génération d’agriculteurs au sens d’une production menée dans un cadre individuel ou familial tant pour le capital que le travail. Ce qui rend inévitable de se poser la question du devenir de l’agriculture en Europe.
À vos ordres mon Général
Dès qu’il s’agit de politique agricole, est évoquée la citation prêtée au général de Gaulle « un pays qui ne peut se nourrir n’est pas un grand pays » ou un équivalent, les formules variant. Soit. Il s’agit de suggérer que le prophète de Colombey nous envoie ce message d’outre-tombe : soutenir les agriculteurs c’est soutenir l’agriculture et soutenir l’agriculture c’est soutenir la France.
J’ign