éducation

Menaces fascistes sur l’école : la grenouille va-t-elle se laisser bouillir ?

Chercheur en sciences de l'éducation

L’École est un champ de bataille politique ancien, qui se voit aujourd’hui de plus en plus menacé par les recrudescences des idéologies fascistes. La France, orgueilleuse de son modèle « méritocratique » et « républicain » aurait tort de se croire immune à ces dangers ; au contraire, elle aurait tout à gagner à développer un curriculum volontairement antifasciste.

Lieu commun de regretter la faiblesse du débat public sur l’éducation, en soulignant qu’il se complaît la plupart du temps dans les mêmes figures et déplorations imposées…et que, signe d’indifférence, il ne semble même plus cliver le corps social sur des projets qui s’opposent[1].

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On devrait toutefois s’étonner et regretter ce silence lorsque dans plusieurs pays comme peut-être dans quelque air du temps mondial se développent et s’installent au pouvoir des idéologies très éloignées de ce qui pouvait apparaître à la fin de la seconde guerre mondiale comme le fonds relativement consensuel de l’éducation publique, tel que, par exemple, l’UNESCO l’avait formulé à sa naissance. Ou le rapport Langevin-Wallon pour la France. Quand on avait pu espérer que la barbarie reculait dans le monde grâce notamment à l’éducation…

Dès lors trois questions se trouvent posées :

Est-il fondé de penser et de craindre que les bouleversements des conditions et des limites du débat politique, au sein de chaque pays comme au plan international, posent des problèmes graves en matière d’éducation ? À cet égard, il est difficile de ne pas voir à quel point les thèmes politiques des extrêmes droites, même quand ils ne mentionnent pas explicitement l’éducation, sont en fait au cœur de ce qui structure son projet. Pensons pour l’instant en termes d’allégories, comme a dû le faire, à fresque, en 1338, sur les parois de la Salle de la Paix du Palazzo Pubblico de Sienne, Ambrogio Lorenzetti, quand il tenta de réfléchir aux Effets du Bon et du Mauvais Gouvernement, car c’est bien la question : citons la Vérité, le Vivant, l’Égalité, la Liberté de conscience, le Droit, la Paix, la Démocratie, le Bien commun… C’est en effet tout ce qui se trouve un peu partout furieusement attaqué.

Les thèmes que nous abordons sont-ils des thèmes de politique éducative ou de politique générale ? Bien entendu, les deux et il est précisément plus temps que jamais de cesser de penser l’éducation comme un sujet spé


[1] Entre les propositions pour l’École du Rassemblement national et celles du parti présidentiel portées par Gabriel Attal, les différences sont de l’ordre de la nuance.

[2] Roger-François Gauthier et Philippe Champy, Contre l’Ecole injuste, ESF, voir AOC.

[3] Voir par exemple l’article de Katalin Törley, auquel nous empruntons la métaphore, « Un témoignage sur la dérive autocratique en Hongrie et la résistance des enseignants » pour le colloque 2025 de France Education International, Eduquer dans un monde incertain : un enjeu mondial.

[4] Nous abordions ces questions dans AOC : « Il faut révolutionner les savoirs scolaires ».

[5] Voir la Revue internationale d’éducation de Sèvres, Les privatisations de l’éducation, 2019.

[6] Voir la Revue internationale d’éducation de Sèvres, La fragmentation des systèmes scolaires nationaux, 2017.

[7] Voir la Revue internationale d’éducation de Sèvres , Conflits de vérité à l’Ecole, 2018.

[8] Nous employons ce mot sans proposer ici de reprendre les nombreuses analyses sémantiques qui ont cours sur le sujet, et dans le sens relativement large auquel fait appel la publication d’AOC pour l’été 2025 : Fascisme 2.0.

[9] Voir à cet égard notre intervention du 22 juin 2025 au congrès de la Ligue de l’enseignement.

[10] Il faut à cet égard rendre hommage à Philippe Meirieu qui le rappelle souvent.

[11]Nous parlons là surtout pour l’enseignement public, l’enseignement privé sous contrat étant peu étudié sous ces angles et ayant laissé paraître dans des affaires récentes concernant certains de ses établissements des tendances qui, s’agissant de soumissions et de suprématies intolérables, relèvent d’un tout autre modèle que le modèle républicain.

[12] Ce qu’on sait du vote des enseignants pour le Rassemblement national, de l’ordre du cinquième des effectifs, montre la faveur de ces thèses. D’un autre côté on a vu un ministre de l’éducation, en la personne de Jean-Michel Blanquer ne pas hésiter, Trump au petit pied, à désigner ce qu’il appe

Roger-François Gauthier

Chercheur en sciences de l'éducation, Professeur associé à l'université Paris-Descartes

Notes

[1] Entre les propositions pour l’École du Rassemblement national et celles du parti présidentiel portées par Gabriel Attal, les différences sont de l’ordre de la nuance.

[2] Roger-François Gauthier et Philippe Champy, Contre l’Ecole injuste, ESF, voir AOC.

[3] Voir par exemple l’article de Katalin Törley, auquel nous empruntons la métaphore, « Un témoignage sur la dérive autocratique en Hongrie et la résistance des enseignants » pour le colloque 2025 de France Education International, Eduquer dans un monde incertain : un enjeu mondial.

[4] Nous abordions ces questions dans AOC : « Il faut révolutionner les savoirs scolaires ».

[5] Voir la Revue internationale d’éducation de Sèvres, Les privatisations de l’éducation, 2019.

[6] Voir la Revue internationale d’éducation de Sèvres, La fragmentation des systèmes scolaires nationaux, 2017.

[7] Voir la Revue internationale d’éducation de Sèvres , Conflits de vérité à l’Ecole, 2018.

[8] Nous employons ce mot sans proposer ici de reprendre les nombreuses analyses sémantiques qui ont cours sur le sujet, et dans le sens relativement large auquel fait appel la publication d’AOC pour l’été 2025 : Fascisme 2.0.

[9] Voir à cet égard notre intervention du 22 juin 2025 au congrès de la Ligue de l’enseignement.

[10] Il faut à cet égard rendre hommage à Philippe Meirieu qui le rappelle souvent.

[11]Nous parlons là surtout pour l’enseignement public, l’enseignement privé sous contrat étant peu étudié sous ces angles et ayant laissé paraître dans des affaires récentes concernant certains de ses établissements des tendances qui, s’agissant de soumissions et de suprématies intolérables, relèvent d’un tout autre modèle que le modèle républicain.

[12] Ce qu’on sait du vote des enseignants pour le Rassemblement national, de l’ordre du cinquième des effectifs, montre la faveur de ces thèses. D’un autre côté on a vu un ministre de l’éducation, en la personne de Jean-Michel Blanquer ne pas hésiter, Trump au petit pied, à désigner ce qu’il appe