L’État « public-privé »
S’il est un domaine où l’« en même temps » présidentiel semble pleinement « assumé », c’est bien dans la valorisation des capacités réformatrices de l’alliage « public-privé ». Plus encore que l’exaltation du secteur privé, c’est cet hybride qui fait figure de marque de fabrique des politiques publiques du nouvel exécutif. Parfois là où on ne s’y attendrait pas, comme quand la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité hommes-femmes, Marlène Schiappa, crée une « task force pour l’égalité professionnelle » via un « consortium public-privé » réunissant sous sa présidence des chefs d’entreprises car « la loi » ne serait plus un instrument adapté pour réaliser l’objectif de l’égalité salariale. Parfois au cœur même des compétences régaliennes quand le ministre de l’Intérieur Gérard Colomb constitue un « réseau rassemblant hauts cadres du ministère et directeurs de la sûreté des entreprises », devant favoriser un « échange d’expérience » des forces de l’ordre et des entreprises de sécurité privée.

Mais la cause du « public-privé » n’est pas qu’un leitmotiv. C’est devenu aussi un levier de mobilisation pour promouvoir l’intérêt national quand il s’agit de renforcer les intérêts de la « Place (financière) de Paris » dans le contexte post-Brexit, en associant dirigeants publics, avocats d’affaires et professionnels de la finance autour de la définition d’une nouvelle (et très spéciale) « chambre internationale de la cour d’appel de Paris » censée attirer les investisseurs internationaux, etc…
Bref, le partenariat « public-privé » fait figure de « concept migrant » des politiques publiques de l’exécutif macronien. Au point de redéfinir en profondeur la figure même du haut fonctionnaire. On l’a vu dans la loi dite de l’« Avenir professionnel » adoptée le 1er août dernier qui a créé une incitation pour les dirigeants publics non pas seulement à pantoufler, par la création d’un avancement à l’ancienneté du haut fonctionnaire alors même qu’il exerce dans le secteur privé (jusqu’à 5