La leçon de philosophie du président Trump
On a coutume, des deux côtés de l’Atlantique, de vilipender Donald Trump, et de voir en lui le responsable principal, de la plupart des maux de ces dernières années : transformation définitive de la politique en reality show, élévation du mensonge au statut de système de communication, népotisme et ploutocratie, négationnisme climatique, nationalisme isolationniste, populisme, autoritarisme néronien, sexisme, proto-fascisme, et par-dessus tout vulgarité. Tout ceci est parfaitement vrai, et pour une fois l’opinion a totalement raison. C’est un peu le problème.

Car Trump est tout sauf un niais. Il n’est pas un autre G.W. Bush. Le système qu’il a mis en place est redoutable : plus on s’indigne, plus on évoque à son propos Caligula ou Mussolini à coup de points Godwin, plus on tombe dans son piège, car il n’attend que cela : il a compris que non seulement les gens se trompent mais aiment à être trompés. Il est en réalité, peut-être à son corps défendant, un profond philosophe. Ne nous a-t-il pas prévenus qu’il était « un génie très stable » ? Il a eu le mérite de poser un certain nombre de questions philosophiques pérennes. J’en vois au moins sept.
Vérité
La première concerne la notion de vérité. En mentant effrontément, en prononçant des contre-vérités évidentes et en laissant ses attachés de presse recourir à des concepts comme celui de « faits alternatifs », Trump, a attiré l’attention sur l’absurdité qu’il y a à définir la vérité comme ce qui est « vrai pour moi » et sur l’incohérence du relativisme. Il a ainsi rendu plus de services à la défense de truismes tels que « la vérité est la conformité aux faits » ou « les faits sont les faits » que toutes les dissertations qu’ont pu faire les philosophes qui se sont attaqués au post-modernisme en essayant de le réfuter par des arguments rationnels.
Trump a aussi rendu très claire la différence entre deux conceptions de la vérité : la conception classique, selon laquelle la vérité est la correspondance avec les faits, et