Le Brexit ou la nostalgie des élites conservatrices pour l’État-nation
L’amendement Brady voté le 29 janvier 2019 par le Parlement britannique avec la bénédiction de Theresa May, appelle à une renégociation des dispositions sur la frontière irlandaise dans l’accord de retrait de l’Union européenne. Theresa May s’est rendue à Bruxelles pour convaincre Michel Barnier, et à travers lui, les 27 États membres de l’UE, de rouvrir l’accord pour remplacer la fameuse clause du « backstop » par un dispositif alternatif dont personne ne sait exactement de quoi il sera fait. Immédiatement après le vote de la Chambre des Communes, le président du Conseil européen, Donald Tusk, a rappelé ce que tout le monde savait : il n’est pas question pour les 27 de renégocier cette clause sur la frontière irlandaise.

Theresa May, qui ne cesse de répéter son opposition à un « no deal », conduit donc son pays tout droit vers ce « no deal » en voulant renégocier la clause du « backstop ». Il paraît de plus en plus patent que Theresa May n’a aucun plan précis et qu’elle ne fait qu’épouser la vague des humeurs londoniennes au jour le jour. Le discours officiel du 10 Downing Street continue aussi à marteler que la Première ministre souhaite un accord de sortie respectant l’échéance de sortie du 29 mars 2019. Sa demande de renégociation n’équivaut-elle pas dès lors à une partie de poker menteur, destinée à faire porter la responsabilité du « no deal » aux 27 ? On est de plus en plus en droit de se le demander.
Si le « no deal » s’impose comme la seule solution le 29 mars, les 27 n’auront guère d’autre solution que de rétablir une frontière entre les deux Irlande. Il sera en effet impossible de gérer la coexistence d’un pays participant au marché intérieur de l’Union européenne (la République d’Irlande) et d’un pays tiers (le Royaume Uni dans sa composante nord irlandaise) sans le rétablissement des contrôles physiques. Les Conservateurs britanniques auront ainsi réussi à tuer les accords de paix de 1998 qui voulaient que la réconciliation après trente ans de guerre c