On n’en a pas fini avec les partis politiques (1/2)
La crise des partis politiques est devenu un marronnier journalistique et intellectuel. Depuis plusieurs décennies on se lamente ou on se réjouit de l’affaiblissement, du rétrécissement, de la dépréciation et de la mort annoncée de partis, des partis, de la forme parti. Je me souviens avoir terminé la première édition du Que Sais-je ? Les partis politiques en 1987, par un paragraphe intitulé : « Les partis c’est fini ? ». À chaque édition j’ai dû intégrer un codicille ajustant la démonstration générale du livre aux soubresauts de la conjoncture partisane et intellectuelle. Tout en rappelant d’abord que les partis, quelle que soit la définition que l’on a pu leur donner, ont été un des instruments clés de la démocratisation de la société et de la vie politique.
Ils ont permis d’intéresser les nouveaux citoyens, dans tous les sens du terme, et de les canaliser vers le vote ; et le vote reste l’instrument de légitimation de la domination politique démocratique. Ils ont permis, grâce aux ressources que donne un parti politique, de faire émerger des élites alternatives et donc d’inscrire à l’agenda politique de nouvelles questions, notamment sociales.
Il faudrait toutefois être aveugle ou arrogant pour ne pas tenir compte des formes contemporaines de la « crise de la représentation », voire de la « crise de la démocratie » dont la crise de la médiation partisane est un des aspects. De quelque côté que l’on se tourne, la réponse est semblable : la forme parti a vécu et les partis pris individuellement vont mourir.
On peut reprendre quelques indicateurs de densité diverse pour étayer cet air du temps.
Dans l’histoire des idées longues la trilogie de Bernard Manin a toutes les apparences d’une opération de classement réussi(e). La démocratie des partis a succédé au gouvernement représentatif et la démocratie du public a supplanté la démocratie des partis.
Deuxième grand récit, celui inauguré par Katz et Mair dans les années 90, dans l’appréhension des partis et