La crise irakienne se polarise contre la tutelle iranienne
Depuis 2003, l’État irakien peine à se reconstruire sous l’action d’organisations politiques qui s’affrontent pour en contrôler les ressources, créant une dynamique de crises à répétition exacerbée par les ingérences étrangères, notamment iranienne. En premier lieu, la nature de ces crises est politique. Les partis irakiens jouent un rôle déterminant dans la guerre civile, instrumentalisant les soutiens internationaux pour s’ancrer dans l’État et s’imposer à la population. La guerre contre l’État islamique (2014-2017) a renforcé cette dynamique sous l’action de groupes paramilitaires pro-iraniens qui affichent clairement leurs visées hégémoniques.
En second lieu, la paralysie de l’État qui en résulte entretient des conflits sociaux en mutation continue depuis 2003. Leur point commun est de rejeter l’ensemble du système politique malgré des composantes sociales et identitaires très différentes : mobilisations contre la débaasification, mouvement sadriste, échos du printemps arabe entre 2011 et 2013, « mouvement pour la réforme » de 2015 à Bagdad, émeutes de l’été 2018 à Bassora.
Les protestations qui se déroulent depuis octobre 2019 sont le produit de la superposition de ces différents conflits sociaux et politiques. En effet, la montée en puissance des réseaux miliciens pro-iraniens a accru la faillite du système politique et suscite une mobilisation qui a la particularité d’être unanimiste, pacifique et spontanée malgré la répression. Cela à un moment où l’escalade Iran-États-Unis laisse espérer aux manifestants un basculement du rapport de force en leur faveur. Les tensions régionales et la dynamique d’accaparement des institutions par les groupes pro-iraniens sont ainsi au cœur de la crise, ce qui alimente une polarisation croissante autour de l’ingérence iranienne avec pour enjeu la reconfiguration du système politique irakien.
L’Irak : champ de bataille de l’escalade Iran-États-Unis
Depuis 2003, les ingérences croisées de l’Iran et des États-Unis n’o