Santé

Quel sens donner aux comportements à risque face au Covid-19  ?

Sociologue

Tout le monde connaît les gestes barrière préconisés par le gouvernement, et sait l’importance qu’ils ont pour la santé, au plan collectif comme au niveau individuel. Pourtant, beaucoup d’entre nous transigent avec leur application, lors des retrouvailles avec des amis par exemple, ou s’agissant du port du masque. Chacun a de « bonnes excuses » pour agir ainsi, mais outre ces justifications ad hoc, ces comportements doivent être expliqués rationnellement si l’on veut mener des campagnes de prévention véritablement efficaces.

Alors que le déconfinement est engagé, la politique de prévention à l’égard de l’infection à coronavirus repose de plus en plus sur la responsabilité des individus et leur capacité à mettre en œuvre les mesures appropriées. Comment expliquer que beaucoup de personnes se conforment, dans la situation actuelle, aux normes de prévention édictées par les gouvernements, mais aussi comment comprendre les très nombreux « écarts » par rapport aux nouvelles règles sanitaires ?

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S’agit-il de dispositions individuelles, certaines personnes étant soucieuses du risque pour la santé, tandis que d’autres n’en ont pas de représentations ? Peut-on croire que les acteurs individuels sont rationnels et agissent avec la préservation de la santé comme unique objectif ?

La reprise de différents travaux de recherche portant sur la prévention en matière d’alimentation et sur la gestion du risque du sida conduisent à mettre en évidence l’importance du contexte dans lequel les individus interagissent si l’on veut comprendre le sens des comportements associés à la santé. Celle-ci est souvent prétexte et vecteur d’autres logiques.

Pour saisir le sens des comportements de santé, le port du masque par exemple, il s’agit alors de développer une approche de science sociale attentive aux multiples significations qui leur sont associées. Sans remettre en cause les politiques d’information systématiques développées pour lutter contre l’épidémie, il importe d’engager une réflexion et d’imaginer des messages de prévention qui tiennent compte de la diversité des situations et des contextes relationnels dans lesquels les mesures barrières sont mises en œuvre.

Comprendre la transgression des normes de santé

Tout a été dit sur l’épidémie de Covid-19 et sur la manière de se protéger de la contamination. Les expressions « distanciation sociale » ou « distanciation physique », qui n’avaient pas d’existence en français, sont passées dans le langage courant. On a vu le président de la République et les ministres marteler, avec tout ce que le pays compte de sommités médicales, qu’il faut rester chez soi. Cette injonction, assortie d’autres directives concernant le lavage des mains, la manière d’éternuer, le port éventuel de masques, etc. a été reprise dans tous les médias, sous forme de publicité, de discours d’expert. Nul ne peut ignorer la règle sanitaire, les normes qui président au déconfinement comme au confinement et leur traduction légale avec les sanctions assorties, le cas échéant.

Pourtant, la mise en œuvre de ces normes fait problème et souffre des exceptions. Les règles du confinement, puis celles qui président le  déconfinement, ont conduit à des « aménagements » de toutes sortes, pour partie liés – mais sans doute pas seulement – à la difficulté de définir en détail tous les comportements autorisés et tous les gestes proscrits dans un contexte entièrement nouveau. A-t-on le droit ou non de faire du vélo en guise d’exercice physique ? Peut-on cocher deux cases dans les motifs dérogatoires de déplacement ? Dans quelles situations doit-on porter un masque ? Les questions sont sans fin.

Cependant il existe de véritables transgressions – au plan légal, bien sûr, comme en témoigne le nombre des infractions constatées et des sanctions, mais surtout au plan sanitaire : on pense à des situations dans lesquelles, sciemment ou non, les sujets pensent pouvoir s’affranchir de la règle du « rester chez soi » et des mesures préconisées pour préserver la santé. On se souvient de la désinvolture des groupes qui, au début du confinement, ont envahi les parcs, ainsi que des départs vers la province à l’occasion des vacances scolaires. On parle aussi d’apéritifs amicaux dans les arrière-cours des immeubles. Certaines « transgressions » par rapport aux règles sanitaires se retrouvent aussi dans les gestes les plus quotidiens, ce que chacun peut constater.

Pourquoi est-il si difficile de faire admettre les mesures de précaution s’agissant de la distance à respecter entre les personnes ? En réalité, la question vaut très généralement pour les règles de santé ou les principes de prévention qui ont cours dans de multiples domaines de la vie quotidienne – on pense aussi bien à l’alimentation ou à la conduite automobile qu’à la sexualité. Comment se fait-il que les individus aient tant de mal à suivre des injonctions qui pourtant n’ont d’autres raisons d’être que leur « bien » ? Pourquoi les normes sanitaires, pourtant validées, diffusées et rabâchées dans tous les médias, n’engendrent-elles pas davantage de conformité, quand elles ne sont pas simplement ignorées ? Conduire au-delà de la limitation de vitesse, boire plus que de raison, fumer quand on sait que cela provoque des cancers ou vous réunir avec des amis en temps de confinement : vous savez que vous pouvez en mourir – à plus ou moins longue échéance, certes, mais vous le savez — et cela ne vous empêche pas de le faire.

Pour quelles raisons certaines personnes ont du mal à appliquer les règles sanitaires ou même en viennent à penser qu’elles sont inutiles et ne voient ni pourquoi ni comment les respecter ? De telles raisons diffèrent sans doute d’un domaine à l’autre, d’une personne à l’autre, mais du moins, on fait l’hypothèse ici qu’il s’agit bien de « raisons », qu’il n’y a rien d’irrationnel. Lorsqu’elles transgressent ces règles, en connaissance de cause ou pas, les personnes en question le font d’une manière qui a un sens pour elles. C’est pourquoi il convient d’essayer de comprendre leurs raisons si l’on veut donner aux messages de prévention une pertinence en tenant compte de ce que les individus entendent, comprennent et sont capables de mettre en œuvre.

Pour ce faire, je voudrais situer cette réflexion dans une perspective de science sociale réaliste, pragmatique, qui vise à comprendre pourquoi les règles sanitaires semblent « audibles » par certains individus qui se donnent apparemment pour objectif de les pratiquer, tandis qu’il n’en va pas de même pour d’autres. Alors que la règle de santé est parfaitement connue – par exemple l’impératif de la distanciation – comment expliquer l’écart entre ce qui est prescrit et ce qui est effectif ?

Adopter une telle perspective impose de prendre une certaine distance par rapport à une perspective de santé publique volontariste qui voudrait que les acteurs sociaux, dès lors qu’ils sont destinataires de messages de santé soigneusement élaborés et clairement énoncés, ne puissent faire autrement que de les mettre en œuvre d’une manière satisfaisante en considérant que cela ne peut être que bénéfique pour leur santé. Dans une telle perspective, il faudrait juste s’assurer de la bonne formulation des messages et de l’absence de parasites dans la communication pour garantir la mise en œuvre des règles.

Or une telle perspective paraît insuffisante : elle fait comme si tous les acteurs étaient rationnels et avaient uniformément en vue la santé comme un bien précieux l’emportant sur toute autre considération. [1] Cette façon de voir est manifestement erronée, et on ne peut que prendre de la distance vis-à-vis d’elle quand on constate l’importance des transgressions, des atermoiements, des arrangements avec les règles sanitaires.

Peut-on considérer alors qu’il existe différentes manières de faire face au risque épidémique – qui refléteraient elles-mêmes la diversité des manières d’être des individus face aux questions de santé ? Il est possible d’étayer cette hypothèse, et je le ferai maintenant en prenant appui sur une typologie classique en sociologie de la santé s’agissant des différences individuelles dans la perception du corps et de la maladie. Je chercherai ensuite à montrer les limites d’une analyse qui ferait reposer les différences d’approches à l’égard de la prévention sur les caractéristiques des individus, pour proposer une vision plus dynamique et relationnelle des questions de santé.

Différentes modalités du rapport au corps et à la maladie

Pour expliquer les écarts entre l’énoncé des règles sanitaires et leur application, on peut se référer dans un premier temps aux théories qui cherchent à modéliser les comportements individuels en matière de santé. Dans cette première approche, on peut en effet montrer que nous ne sommes pas tous « égaux » en ce qui concerne la mise en œuvre de ces normes, parce que nous n’avons pas les mêmes idées, les mêmes représentations au sujet de ce qu’est la santé, et pas les mêmes réponses quand il s’agit de la préserver. Nous avons des dispositions différentes à cet égard qui peuvent rendre compte des variations dans la manière dont les principes de santé sont perçus, compris, appliqués.

On peut ainsi concevoir que certaines personnes sont poussées à faire ce qui est attendu d’elles en ce qui concerne la préservation de la santé, à suivre les règles, et d’autres moins. Cette hypothèse a fait l’objet d’études parmi lesquelles on peut citer le travail du sociologue Luc Boltanski.[2] Cherchant à dégager les « comportements corporels symboliques ou pratiques qui sont sociologiquement pertinents », il distingue deux modèles de rapport au corps et à la maladie – qu’il rapporte alors tendanciellement à la dimension des classes sociales.

Une première modalité du rapport au corps et à la maladie est définie comme « instrumentale » – et elle est associée par Boltanski aux membres des classes populaires. Ceux-ci, écrit-il, « ne prêtent pas volontiers attention à leur corps », « l’utilisent d’abord comme un outil » et « lui demandent avant toute chose de fonctionner ». Autrement dit, le corps, tant qu’il n’est pas en butte à des difficultés, n’est pas l’objet de perceptions spécifiques. Ce qui est valorisé dans cette perspective, c’est l’activité physique, la capacité de faire et la force physique.

À l’inverse, les personnes qui s’inscrivent dans un rapport de type réflexif à leur corps lui prêtent une attention spécifique et ont une perception aiguisée des messages qu’ils en reçoivent. Témoigner de l’attention à son corps c’est faire en sorte de l’entretenir et de lui fournir au quotidien les éléments qui permettent d’éviter, de façon préventive, les dégradations et les affections.

La distinction des rapports au corps a pour corolaire des conceptions différentes de la maladie et des modalités appropriées pour y faire face. Chez les personnes qui s’inscrivent dans le rapport instrumental au corps et qui n’ont guère de perception des signes que celui-ci leur adresse ou se refusent à les voir, la maladie se manifeste brutalement.  Elle leur apparaît « sur le modèle de l’accident imprévisible et soudain ». La maladie est ressentie « comme une entrave à l’activité physique ». Elle occasionne un sentiment de « faiblesse », interdit de « vivre normalement » et de faire de son corps un usage habituel et familier, surtout au plan professionnel.[3]

À l’inverse, les personnes qui développent un rapport réflexif au corps et qui ont pour habitude de lui prêter de l’attention et de mettre en œuvre des pratiques adéquates pour prévenir affections et maladies « n’établissent pas une différence aussi tranchée entre l’état de santé et l’état de maladie ». La maladie apparaît alors comme « une sorte de dégradation longue et insidieuse de la santé plutôt qu’un accident soudain ». Elle a pour ces personnes « une histoire, un début souvent invisible, une évolution, une fin, des suites. »

On voit que le rapport au corps est indissociable, pour les individus, des formes du rapport au temps. Dans le premier cas, tout se passe comme si les événements relatifs à la santé se présentaient un à un, l’irruption de la maladie constituant une rupture obligeant à se détourner des activités ordinaires. Dans le second, la santé est l’objet d’une attention et d’activités qui se poursuivent de manière permanente. Cette différence radicale au plan du rapport au temps explique bien ce qu’il en est, pour les personnes qui s’inscrivent dans le temps long, de la possibilité de prévoir, d’anticiper et par conséquent de répondre aux attentes de la prévention.

« Les règles de conduites auxquelles l’individu doit se plier et dont la réunion forme ce qu’on appelle habituellement la “médecine préventive”, sont objectivement porteuses d’une philosophie implicite et exigent de ceux qui doivent les appliquer un certain type d’attitude globale devant la vie et particulièrement face au temps. La médecine préventive requiert des sujets sociaux l’adoption d’une conduite rationnelle face à la maladie qui, réinsérée à titre d’éventualité possible dans un plan de vie, peut alors être maîtrisée ou surmontée par la prévision à long terme. » (ibid.)

Les cinquante années qui se sont écoulées depuis l’écriture de ce texte ont contribué à disséminer la culture de la prévention dans toutes les catégories sociales – comme une exigence de la logique qui cherche à rendre chacun responsable de sa vie et de sa santé – sans pour autant faire disparaître l’opposition mise en évidence par Boltanski. C’est pourquoi, en prolongeant son analyse, il pourrait sembler légitime de penser que les différences dans le rapport au corps, à la santé et à la maladie fournissent une clef d’interprétation et, si nécessaire, un vecteur d’intervention, dans toutes les situations où les questions de santé sont des enjeux pour les individus et les collectifs.

Qu’on évoque les régimes alimentaires ou la question de la transmission des infections, comme le VIH ou le coronavirus, c’est parmi les personnes qui se situent dans un rapport instrumental au corps qu’on trouve celles pour qui les messages de prévention ne trouvent pas de point où s’accrocher et qui devraient par conséquent ne pas voir pourquoi se protéger de risques qui restent « invisibles ». C’est parmi elles qu’on devrait trouver les désinvoltes, voire certains dénégateurs d’aujourd’hui s’agissant de la diffusion du virus dans la population. À l’inverse, on imagine les personnes se situant dans un rapport réflexif au corps et à la santé bien davantage enclines à adopter les comportements « responsables » voulus par la prévention.

La dimension relationnelle des contextes de mise en œuvre des principes de santé

Le recours à une analyse qui s’appuie sur le repérage des caractéristiques des sujets, de leur propension à percevoir les états du corps et à suivre des principes de prévention, peut-il suffire à rendre compte des choix faits quand il s’agit de la mise en œuvre des normes sanitaires ? La dichotomie évoquée ici à titre d’exemple, dont la validité n’est nullement contestable, est-elle dotée d’une valeur explicative quand on cherche à l’appliquer aux manières de faire au risque en matière de santé ?

Or on peut montrer que dans la pratique tout se passe comme si les individus n’agissaient pas toujours comme ils sont supposés le faire en fonction des traits qui les caractérisent. Pour ce faire, je voudrais citer deux recherches, l’une sur l’alimentation, l’autre sur la prévention dans le champ de la sexualité, dont les résultats suggèrent qu’il convient de rechercher l’explication des comportements observés au-delà des résultats attendus quand on s’en tient à l’analyse des seules caractéristiques des individus.

Un exemple simple d’abord, celui d’une recherche sur l’alimentation dans le cadre familial, peut faire comprendre quels autres facteurs interviennent dans la mise en œuvre des normes de santé.[4] Dans cette étude nous montrions qu’il existe un écart entre les préférences qui ont cours dans les familles et les représentations de leurs membres, notamment des mères, en matière diététique. Il en résulte une tension normative entre le souci d’une alimentation saine et le risque de mettre en cause l’harmonie en matière familiale. Cette tension se résout généralement au détriment des préoccupations diététiques. Le principe qui prévaut est celui du plaisir convivial. On écarte les aliments qui déplaisent à l’un ou à l’autre en dehors de toute considération de leur valeur pour la santé. On peut donner l’exemple d’une mère de famille qui dit craindre les réactions des autres membres de la famille. Évoquant un menu dans lequel figure du riz complet elle explique : « Voilà l’idéal, mais on en mange pas. J’ai essayé d’en faire une fois… »[5]

Cette recherche indique une piste extrêmement importante si l’on veut comprendre ce qu’il en est de la mise en œuvre des normes sanitaires. La question de l’alimentation, souligne-t-elle, ne peut être uniquement considérée dans une perspective individuelle. Dans la qualité d’un repas en famille, une dimension prime, celle de la convivialité : avec qui on prend ce repas, dans quelle « ambiance ». L’appréciation de la nourriture, du menu, cède le pas à la dimension contextuelle et relationnelle du repas.

Quant à savoir ce qu’il en est de la qualité « diététique » du repas, c’est quelque chose de secondaire. Il peut se faire que le convivial et le diététique aillent de pair, comme il peut se faire que non. Mais ce n’est pas l’essentiel. Et les participants au repas ont des manières de s’ajuster par rapport aux normes de santé – de gérer la dissonance cognitive. Ils disent par exemple manger des frites, en sachant que « ce n’est pas sain », mais que du moment qu’ils le savent, « c’est moins grave. » La question de la santé n’est évidemment pas prioritaire : ce qui prime, c’est l’être ensemble, en l’occurrence, être en famille.

Cette première analyse suggère qu’il faut éviter de surévaluer la dimension individuelle des actions relatives à la santé aussi bien que le lien causal qui irait de la connaissance des principes de santé à la réalisation d’actions conformes à ces principes. En réalité, les individus font, dans différentes sphères de leur existence, toutes sortes de choses qui ont une dimension de santé – et qui correspondent parfois à ce qui est attendu par la santé publique et parfois non – mais il n’est pas certain qu’ils fassent ces choses en ayant la santé à l’esprit. Il serait erroné de surévaluer leur rationalité à cet égard.

Pour prolonger cette réflexion, on peut prendre un autre exemple portant sur les comportements sexuels. Dans une étude sur les pratiques de prévention face au VIH et sur l’usage du préservatif, nous avions cherché à distinguer les personnes participant à l’enquête selon les modalités du rapport au corps évoquées plus haut. En voulant vérifier que le rapport réflexif au corps s’accompagne d’une forte sensibilité aux messages de prévention, tandis que le rapport instrumental laisse les personnes plus démunies s’agissant de prendre en considération le risque du sida et de s’en prémunir lors de la rencontre avec un nouveau partenaire, nous étions arrivés à une impasse. [6]

De fait, il s’est avéré impossible de confirmer que les personnes ayant un rapport réflexif au corps étaient plus que d’autres enclines à satisfaire aux exigences de la prévention – s’agissant d’évoquer le risque avec un nouveau partenaire et d’utiliser des préservatifs. De même, parmi les personnes qui s’inscrivaient dans un rapport au corps et à la santé de type instrumental, on en trouvait qui, comme attendu, ne prêtaient pas attention au risque, mais aussi d’autres qui se conformaient aux messages de prévention.

Comment comprendre ce résultat inattendu ? L’explication, là encore, tient au fait que la prise de décision concernant la sexualité ne résulte pas de la simple application des prédispositions des individus. Elles sont le produit d’une interaction au cours de laquelle des personnes se rencontrent et décident ensemble de modalités d’interaction entre elles. La mise en œuvre de précautions, en l’occurrence dans cette étude, l’usage de préservatifs – une forme particulière de distanciation physique – dépend largement des circonstances de la rencontre et de la relation que les partenaires veulent créer entre eux – brève ou plus durable, accompagnée ou non de dévoilement de soi, etc.

Dans cette recherche, nous montrions que proposer l’usage du préservatif peut signifier à l’autre des messages de sens opposé : dans certains cas, il s’agit de marquer que la relation se limite à l’échange sexuel et que la confiance est limitée ; dans d’autres, au contraire, il s’agit de marquer le respect qu’on porte à l’autre et au souci qu’on témoigne à l’égard des risques. Autrement dit, l’usage du préservatif n’a pas la signification univoque que les spécialistes de la prévention voudraient lui donner – un moyen de se protéger de la transmission du VIH – mais il est polysémique, et la signification qui lui est attribuée fluctue en fonction des circonstances. Ce qui prédomine, c’est le désir des partenaires et les choix qu’ils font au plan relationnel. Les décisions relatives aux relations affectives et sexuelles ne se laissent pas réduire aux catégories qui guident la gestion des risques pour la santé : les enjeux des rapports amoureux se situent dans le registre du désir et du plaisir, et les considérations à l’égard du risque n’ont guère de pertinence à cet égard.

En résumé, alors même qu’ils ont toute l’information sur les risques pour la santé, les individus peuvent la mettre entièrement de côté lorsque leur action s’inscrit dans des domaines de leur existence où les questions de santé n’ont pas de pertinence pour eux – et celles-ci n’y figurent alors qu’à travers des rationalisations plus ou moins crédibles visant à réduire la dissonance.[7]

 

Analyser la mise en œuvre des mesures de distanciation

Peut-on s’inspirer des analyses présentées ici pour comprendre ce qu’il en est de la mise en place des réponses face à l’épidémie en cours ? On est confronté à une situation dans laquelle, on le sait maintenant, les réponses médicales – le vaccin et les traitements – sont incertaines et dans laquelle par conséquent, le rôle le plus grand est dévolu dans l’immédiat aux mesures de prévention pour lesquelles la coopération de la population est indispensable. Ces mesures et notamment les données relatives à la transmission du virus ont fait l’objet d’une communication massive qui a sans nul doute atteint son but. Il reste que la question se pose, dans notre perspective, de comprendre comment sont perçues les mesures de distanciation sociale, quelles significations leur sont attribuées, et quels paramètres entrent en jeu dès lors qu’il s’agit de les appliquer.

En plus de sa dimension sanitaire, la crise en cours a toutes sortes de facettes économiques et politiques sur lesquelles on ne reviendra pas ici. On laissera aussi de côté les débats et les controverses sur les mesures de prévention, qui ne font que reproduire les oppositions politiques et les clivages sociaux préexistants. On ne fera porter l’analyse que sur la perception de ces mesures et la manière dont les individus s’en saisissent dans leur vie quotidienne.

Mille questions se posent dans la période actuelle : va-t-on revenir aux pratiques sociales d’avant, ou bien maintenir certaines des habitudes acquises pendant ces quelques mois ? Comment dire bonjour ? Comment assurer la protection des salariés au sein des collectifs de travail ou lorsqu’ils sont en relation avec des clients ? Quelles réunions, quelles fêtes de famille, quelles soirées amicales, quelles rencontres amoureuses ou sexuelles ? Doit-on rester sur la réserve et comment le faire ? Et puis, dès lors que la période dans laquelle les mesures de distanciation sociale étaient imposées, voire contrôlées, se termine, quelle « instance » va être en charge de réguler la part d’autonomie ainsi reconquise ? Quels arbitrages faire ? Et avec quelles ressources, quels guides ?

Dans la perspective qu’on a cherché à tracer ici, il serait erroné de penser que les individus confrontés à la multiplicité des microdécisions qu’ils ont à prendre, le font en pensant surtout au risque pour leur santé ou pour la santé des autres. La question de la mise en œuvre des mesures de distanciation sociale doit être posée d’une manière différente de celle qui prévaut chez les spécialistes de la santé publique ou les politiques. Pour eux, les gestes barrières, quels qu’ils soient, poursuivent un objectif de santé explicite : la réduction de la transmission du virus – cet objectif ne fait aucun doute, même si parfois il entre en tension avec d’autres intérêts en jeu, notamment sur le plan économique.

Or, les choses ne se posent certainement pas de cette manière dans le public. Les individus dans leur vie quotidienne n’ont pas nécessairement en tête la santé au sens strict et, s’ils l’ont, ils ne procèdent pas à un calcul ; ils ne sont pas pris entre deux feux, entre la raison sanitaire et les autres dimensions de l’existence auxquelles ils sont attachés. Dans le temps du confinement comme au moment d’en sortir, les individus organisent leur vie et leurs activités en fonction des normes sociales qui pèsent sur eux et des priorités qu’ils se donnent dans différents secteurs de leur existence – aller au travail, faire vivre sa famille et ses relations, rencontrer ses amis, s’adonner aux loisirs qu’ils aiment.

L’impératif du confinement a constitué une norme très forte qui s’est imposée sans partage, y compris avec la pression de l’autorité publique – un peu comme les radars ont joué un rôle essentiel dans le changement intervenu dans la conduite automobile. La motivation principale pour rester confiné, cela n’a pas été, ou pas seulement, le souci pour la santé : c’est principalement le civisme, le respect d’une norme collective, nationale, citoyenne.[8] Cette motivation forte a été instituée et sécurisée notamment par le registre d’appel à la mobilisation qui a été utilisé par l’État.

Mais il a existé, à l’intérieur du confinement, des aménagements, des « entorses », qui démontrent la présence de bien d’autres logiques. Ces entorses ne doivent pas être vues sous l’angle de la prise de risque en matière de santé, mais plutôt comme des « dérogations » personnelles que les gens s’octroient par rapport à la norme citoyenne, avec toutes sortes de bonnes raisons. Ce n’est pas un calcul dans lequel la valeur « santé » serait mise en balance avec le bénéfice attendu des relations qu’il s’agit de (re)nouer. Il n’y a pas de tels calculs.

Durant ce temps du confinement, et encore plus maintenant avec le déconfinement, c’est la relation qui est surtout visée (familiale, amicale, amoureuse). Les « retrouvailles » qui prennent place aujourd’hui – comme certaines rencontres qui ont déjà eu cours pendant la période du « restez à la maison », se réalisent selon des lignes bien précises – celles des relations de proximité usuelles : visiter la famille proche, les parents âgés, les amis auxquels on est particulièrement attaché. En fait, il s’agit de faire plaisir ou de se faire plaisir. Telles sont les rationalités « effectives » qui guident les comportements.[9] Des justifications ad hoc les accompagnent – le même genre de justifications qu’on trouvait lors de l’épidémie du sida à propos du non-usage des préservatifs : on sait ce qu’on fait, on connait les gens qu’on fréquente…

Il est bien possible qu’un consensus se fasse assez facilement, au sein de la famille élargie ou parmi les collectifs d’amis ou de voisinage, sur le fait que l’on peut faire ce que l’on souhaite faire – en développant au besoin des arguments sur l’innocuité de tels comportements. Dans de tels cas, même si elle peut-être une variable présente en arrière-plan, la santé n’est pas une priorité, elle est comme oubliée. Ce qui compte, c’est de pouvoir faire en sorte que certaines relations que l’on considère essentielles soient maintenues dans l’intérêt des personnes qui y sont engagées. Cette importance donnée au contexte relationnel – qui est signe que l’idée de la santé « disparaît » comme motivation principale et comme valeur – ne signifie pas que les gens ne font pas (ou ne feront pas) ce qui est attendu d’eux en ce qui concerne le maintien d’un certain niveau de distance sociale. Seulement, ils le font pour des raisons qui n’ont pas prioritairement à voir avec la santé, notamment pour faire plaisir à d’autres personnes qui souhaitent que les mesures barrières soient appliquées.

Cette analyse ne signifie pas que l’information et les mises en garde concernant le virus et les manières d’empêcher sa circulation sont superflues. Bien au contraire, il faut les maintenir à un niveau élevé si l’on veut emporter l’adhésion de la population. Mais on voudrait seulement suggérer qu’on ne doit pas surévaluer la congruence entre la perception du risque existant aujourd’hui pour la santé et la mise en œuvre effective de restrictions dans l’établissement des relations.

 

Quel sens au port du masque ?

On peut reprendre ce raisonnement en montrant comment il s’applique lorsqu’il s’agit d’un des aspects les plus saillants de la distanciation sociale, la question du port du masque. Selon toutes les apparences, le masque est un dispositif visant à protéger la santé – celle de la personne qui le porte comme celle de qui la croise. Pourtant le port du masque a bien d’autres significations. On ne s’arrêtera pas ici aux significations éminemment politiques des masques – la difficulté de prévoir leur achat, de les produire et de les mettre à disposition du public étant considérée comme le signe et la preuve de la faillite des modes de gestion de la crise par l’État. En contrepoint, la production de masques artisanaux a constitué aussi le support d’un grand mouvement de solidarité populaire.

On se limitera ici à envisager le masque en tant que ressource de base dans la recherche de la distanciation physique. La question devient alors celle de savoir pourquoi les individus portent (ou ne portent pas) le masque – quel sens ils donnent à leur pratique. On peut rappeler que le port du masque a pu passer en France au début de l’épidémie (à la différence de la situation en Asie), pour quelque chose d’un peu bizarre et presque outrancier. Les premiers porteurs de masques étaient visibles dans l’espace public. Je me souviens, sur les réseaux sociaux, de messages qui ridiculisaient les personnes qui portaient le masque étant seules dans leur voiture.

Aujourd’hui, tout a basculé et il est possible que ne pas porter de masque dans l’espace public devienne une étrangeté. Au moment où il devient obligatoire, le masque n’est plus seulement un vecteur de santé, c’est un signe du respect de l’ordre public. Ne pas le porter, par exemple dans les transports publics, devient une infraction pouvant faire l’objet de contrôle comme la vitesse est contrôlée sur la route, ce qui fournira une bonne raison de le porter – au moins durant le temps du contrôle, comme on ralentit à l’abord du radar.

Pour autant, le port du masque peut-il être considéré comme le vecteur univoque de la préservation de la santé ? En réalité, le port du masque dans l’espace public est polysémique et doit être envisagé dans le rapport qu’il indique vis-à-vis d’autrui : le masque peut en effet signifier une chose ou son contraire, la méfiance, certainement, mais aussi bien la confiance. La méfiance bien évidemment, puisque le masque, dont la vertu principale est d’éviter qu’une personne infectée n’en contamine d’autres, est souvent conçu, à tort ou à raison, par celui qui le porte, comme un moyen de se protéger des autres. Ce en quoi le port du masque nous renvoie, par-delà sa participation à la distanciation physique, aux peurs ancestrales et aux épidémies anciennes.

Mais le port du masque est aussi une marque de confiance : porter un masque, comme proposer un préservatif à une personne aimée, cela peut-être un geste de respect, c’est un cadeau fait aux autres qu’on croise ; c’est comme offrir un bouquet de fleurs ; c’est le signe d’une participation collective à une entreprise de désamorçage de la bombe que constitue potentiellement la transmission du virus. À vrai dire, le masque signifie paradoxalement méfiance ou confiance, une chose et/ou l’autre.

Quant au fait de ne pas porter de masque dans l’espace public, il est également sujet à interprétation – en faisant ici abstraction de la question de la disponibilité des masques et de la capacité des individus à s’en procurer. On peut le voir comme le reflet d’un entre-soi confiant, une manière d’afficher une tranquille assurance, celle de disposer d’une protection « naturelle » – que certains verront sans doute comme une négligence coupable. Une telle abstention ressemble, toute chose égale par ailleurs, au non-usage des préservatifs lorsqu’il était justifié par des formules du genre « je sais qui je fréquente »… Il correspond à une forme de supériorité de groupe affichée, d’où qu’en vienne la raison et dans quelque milieu social et quelque région qu’elle apparaisse – on pense à celle de certains utilisateurs de voitures puissantes qui estiment pouvoir à juste raison s’affranchir des limitations de vitesse parce qu’ils sont d’excellents conducteurs ; ou encore à ces fêtes d’immeuble apparues dans la région parisienne vers la fin du confinement.

Cependant, le fait de ne pas porter de masque peut aussi être classé du côté de la transgression manifeste. Il est alors signe de rébellion, affirmation d’une liberté, contestation de l’ordre établi et des consignes des autorités. De déni également dans un temps où la force de l’épidémie est universellement reconnue. On peut prendre l’exemple du vice-président des États Unis visitant un hôpital : sur les images, tous portent le masque sauf lui.

En résumé, dans tous les cas, le port du masque fonctionne comme un message qui n’a pas nécessairement pour objet la préservation de la santé. La santé peut éventuellement être présente ou non dans les justifications pour porter ou non le masque, mais elle n’est certainement pas un déterminant ultime des pratiques à cet égard. Lorsqu’elle est évoquée, elle est souvent un prétexte : porter le masque en public ou s’en passer, c’est une manière de se situer vis-à-vis d’autrui, une façon de montrer de l’empathie ou de la compréhension, un signe d’appartenance sociale, un marqueur politique, etc.

La santé, comme c’est le cas dans tous les secteurs de la vie sociale, est un vecteur pour toutes sortes de choses : des intentions, des affects, la manifestation de l’autorité, etc. Il ne faut pas surévaluer la place de la santé en tant que telle dans les motivations à cet égard. Ce qui n’est ni une grande découverte, ni un grand problème, du moment qu’on en tient compte dans la manière d’évaluer les comportements et d’organiser la réponse publique face à l’épidémie en cours.

 

Quelles stratégies de communication sur la prévention face au Covid-19 ?

J’ai suggéré que les écarts à la règle sanitaire sont difficilement perçus comme tels par les personnes qui en sont les auteurs, pour la simple raison que la dimension de la santé n’est pas présente à leur esprit dans le contexte où elles se trouvent, et qu’elles sont par conséquent empêchées de considérer que leur comportement puisse être un danger pour les autres ou pour elles-mêmes. Ce disant, il ne s’agit nullement de justifier les écarts aux règles de la distanciation physique, ni de suggérer l’inutilité de la communication au sujet des normes sanitaires pour lutter contre la diffusion du virus, mais seulement de souligner qu’il faut comprendre les logiques effectives qui guident les comportements individuels dans leur contexte si l’on veut pouvoir agir avec efficacité contre la diffusion de l’épidémie.

Je ne suis pas un spécialiste en matière de communication des messages de prévention, et c’est aux experts de santé publique qu’il revient de développer des stratégies et de décliner les messages appropriés dans cette situation entièrement nouvelle. Cependant, il est possible de s’appuyer à cet égard sur l’analyse que je viens de proposer et sur ce qui s’est fait pour d’autres épidémies – en sachant que tout risque ne disparaitra pas, ce serait irréaliste, mais du moins en tendant vers une réduction des risques.[10]

Il n’y a pas de doute que la politique de prévention reposant sur la norme de distanciation physique/sociale est efficace – toute la première phase de confinement l’a démontré en réduisant drastiquement la propagation du virus. De plus, on peut voir que les autorités sanitaires ont maintenant acquis la conviction que l’action préventive ne doit pas se fonder, à terme, sur des injonctions venant « d’en haut », mais qu’elle doit reposer sur la responsabilisation individuelle. Autrement dit, il n’y pas d’autre solution que de faire en sorte que les individus puissent s’approprier toute une gamme de moyens qui leur permettent de se comporter de façon adéquate pour limiter les risques pour eux-mêmes et pour les autres.

Comme je l’ai souligné, les situations auxquelles s’adresse la prévention aujourd’hui sont extrêmement diverses. On peut penser que la gestion du risque est soumise à l’influence de toutes sortes de paramètres : l’âge des personnes concernées et leur histoire médicale bien sûr, mais aussi leur milieu d’appartenance, les normes sociales qui y prévalent, notamment en ce qui concerne la manière d’être en relation avec autrui, etc. Dans la communication au sujet de la prévention, il faut donc autant que possible mettre en scène cette diversité pour donner à voir à chacun les manières de faire appropriées, en tenant compte de la multiplicité des situations sociales qu’il s’agisse du travail, de la convivialité dans la famille ou ailleurs, etc.

La stratégie de communication en matière de prévention ne devrait-elle pas doter les individus d’outils leur permettant de gérer plus efficacement les relations sociales en tenant compte des différences sociales et de la diversité des représentations ayant cours au sujet de l’épidémie ? En encourageant, par exemple, les jeunes ou les moins jeunes à mettre en place de nouvelles manières de se retrouver aujourd’hui avec leurs amis. Est-il possible, à travers des communications ciblées, de favoriser une interrogation des personnes sur leur propre pratique, de leur donner les éléments pour gérer plus efficacement leurs relations en tenant compte de l’existence du risque et du fait que certains contextes relationnels peuvent être marqués par beaucoup d’émotivité ou de pression sociale ?

Le port du masque est l’un des symboles les plus marquants de la distanciation sociale et il est devenu dans certains espaces une obligation. Si l’on veut inciter au port du masque dans toutes les situations où il existe un risque et en faire comme une obligation sociale, il faut travailler à le rendre désirable. Les couturiers ont d’ailleurs anticipé ce mouvement pour l’intégrer à leur production.[11] Il faut en tout cas tendre à faire en sorte que le port du masque devienne non seulement acceptable mais usuel et banal, comme invisible. Devenu un must pendant l’épidémie, le port du masque pourra disparaître ensuite, mais il reviendra sur le devant de la scène le jour venu, pour faire face à de nouvelles urgences sanitaires. Les habitudes acquises maintenant pourront transformer durablement nos manières d’être en société.

Alors même que le pic de l’épidémie s’éloigne, on peut se demander comment faire en sorte que des pratiques qui ont été pendant un temps imposées ne disparaissent pas à l’instant où l’injonction de l’État se fait moins forte et n’est plus assortie des mêmes contrôles ? Comment maintenir les mesures barrières dans la durée ? Comment faire en sorte que l’été n’amène pas de surprises et ceci notamment dans régions où le virus circule encore ?

Il est certainement malaisé de concevoir aujourd’hui, dans des délais brefs, les messages qui s’imposent – d’autant plus que d’énormes ressources ont déjà été engagées pour faire face à la crise au plan sanitaire autant qu’économique. Cependant, il semble urgent et important d’engager une réflexion et de développer des actions de prévention qui aillent au-delà des messages d’injonction et qui soutiennent les individus, là où ils sont, avec leurs différences et leurs difficultés, de sorte qu’ils puissent exercer cette « responsabilité » qui est attendue d’eux. La responsabilité ne va pas de soi et elle a plus que jamais, dans ces circonstances, besoin d’être accompagnée.


[1] « Les modèles psychosociologiques dominants, qui postulent qu’il est rationnel dans tous les cas de rechercher une sécurité absolue, sont insatisfaisants. » Cf. Jean-Paul Moatti, Nathalie Beltzer, William Dab, « Les modèles d’analyse des comportements à risque face à l’infection à HIV : une conception trop étroite de la rationalité »Population, n° 5, 1993, p. 1505.

[2] Luc Boltanski, « Les usages sociaux du corps », Annales. Histoire, Sciences Sociales,26(1), 1971, p. 205-233.

[3]  Luc Boltanski, op.cit., p. 12.

[4] Laura Cardia-Vonèche, Benoit Bastard, « Principes diététiques et fonctionnement familial. Une analyse de la formalisation et de la diffusion des normes en matière d’alimentation », in François Chazel, Jacques Commaille (éds.), Normes juridiques et régulation sociale, Paris, LGDJ, 1991, p. 343-355.

[5] Op. cit. p. 51.

[6] Benoit Bastard, Laura Cardia-Vonèche, « Évolution des relations affectives et sexuelles au temps du sida. Une étude sociologique auprès de personnes séparées ou divorcées », Dialogue, n° 121, 1993, p. 50-56.

[7] Une synthèse de ces analyses figurent dans l’article suivant : Laura Cardia-Vonèche, Benoit Bastard, « Préoccupations de santé et fonctionnement familial », Sciences Sociales et Santé, n° 13-1, 1995, p. 65-80.

[8] On le voit bien quand on entend le témoignage d’habitants de zones peu peuplées et peu touchées par la contagion qui ont respecté le « restez chez vous » le plus scrupuleusement possible.

[9] Moatti et al., article cité, p. 1055.

[10] Voir les réflexions engagées par un groupe de chercheurs dans le cadre de la lutte contre la transmission du VIH. « Sciences sociales et stratégies de communication sur la prévention », ANRS information, n° 12, 1994.

[11] Voir : Valentin Pérez, « Le masque, un futur accessoire de mode ? », Le Monde, 9 avril 2020.

Benoit Bastard

Sociologue, Directeur de recherche émérite au CNRS

Rayonnages

SociétéSanté

Mots-clés

Covid-19

Notes

[1] « Les modèles psychosociologiques dominants, qui postulent qu’il est rationnel dans tous les cas de rechercher une sécurité absolue, sont insatisfaisants. » Cf. Jean-Paul Moatti, Nathalie Beltzer, William Dab, « Les modèles d’analyse des comportements à risque face à l’infection à HIV : une conception trop étroite de la rationalité »Population, n° 5, 1993, p. 1505.

[2] Luc Boltanski, « Les usages sociaux du corps », Annales. Histoire, Sciences Sociales,26(1), 1971, p. 205-233.

[3]  Luc Boltanski, op.cit., p. 12.

[4] Laura Cardia-Vonèche, Benoit Bastard, « Principes diététiques et fonctionnement familial. Une analyse de la formalisation et de la diffusion des normes en matière d’alimentation », in François Chazel, Jacques Commaille (éds.), Normes juridiques et régulation sociale, Paris, LGDJ, 1991, p. 343-355.

[5] Op. cit. p. 51.

[6] Benoit Bastard, Laura Cardia-Vonèche, « Évolution des relations affectives et sexuelles au temps du sida. Une étude sociologique auprès de personnes séparées ou divorcées », Dialogue, n° 121, 1993, p. 50-56.

[7] Une synthèse de ces analyses figurent dans l’article suivant : Laura Cardia-Vonèche, Benoit Bastard, « Préoccupations de santé et fonctionnement familial », Sciences Sociales et Santé, n° 13-1, 1995, p. 65-80.

[8] On le voit bien quand on entend le témoignage d’habitants de zones peu peuplées et peu touchées par la contagion qui ont respecté le « restez chez vous » le plus scrupuleusement possible.

[9] Moatti et al., article cité, p. 1055.

[10] Voir les réflexions engagées par un groupe de chercheurs dans le cadre de la lutte contre la transmission du VIH. « Sciences sociales et stratégies de communication sur la prévention », ANRS information, n° 12, 1994.

[11] Voir : Valentin Pérez, « Le masque, un futur accessoire de mode ? », Le Monde, 9 avril 2020.