La gouvernance métropolitaine contre la métropolisation néolibérale
Dans la décennie qui vient de s’écouler, la question métropolitaine a fait une entrée fracassante dans le débat public. Peu connue pour sa passion pour les questions urbaines et territoriales, la France a reconnu le fait métropolitain à la faveur de deux lois qui ont permis la transformation de structures de coopération intercommunale existantes en « métropoles ». Parallèlement, une inquiétude diffuse s’est faite jour autour des mutations territoriales travaillant le pays : désertification rurale, difficultés des villes petites et moyennes, envolée des valeurs immobilières et ségrégation croissante au sein des métropoles, etc. Certaines analyses du mouvement des Gilets Jaunes ont d’ailleurs fait la part belle à ces déséquilibres territoriaux comme facteurs explicatifs du phénomène.
Le télescopage de ces deux dynamiques fait des métropoles nouvellement créées les coupables idéales. À Paris comme dans les grandes villes de région, les métropoles nouvellement créées et leurs projets d’aménagement sont pointées du doigt non seulement comme bénéficiaires mais comme responsables de ces déséquilibres. Dans une tribune récente, une cinquantaine de personnalités faisaient de la métropole du Grand Paris (MGP) et de la Société du Grand Paris (en charge de la construction du Grand Paris Express) les responsables d’un véritable « écocide » et d’une conversion des politiques urbaines à l’impératif néolibéral de compétitivité, d’attractivité et de course à la taille critique.
Ces propos ne sont pas isolés. On a vu çà et là se multiplier publications savantes et discours militants faisant de la métropolisation mais aussi des métropoles en tant qu’entités institutionnelles, les parangons d’un urbanisme néolibéral. On peut même affirmer que le mot a créé la chose : l’invention juridique et politique de la métropole a permis la cristallisation d’une critique diffuse qui a enfin trouvé un vocable-cible subsumant tous les maux qui affectent l’organisation des territoires.
Peu