La fuite en avant des autorités algériennes
Où va l’Algérie ? Quel est le plan des autorités pour les prochains mois, la prochaine décennie, alors que se multiplient les défis pour ce pays en difficulté sur le plan économique et que le pouvoir fait face depuis deux années à une importante contestation populaire ? Nul ne le sait.

En apparence, le pouvoir algérien et le président Abdelmadjid Tebboune semblent décidés à tourner la page du Hirak, ce mouvement populaire de protestation né en février 2019, pour avancer à marche forcée vers des élections législatives anticipées. Initialement prévu pour 2022, le renouvellement des 407 députés de l’Assemblée nationale populaire aura finalement lieu le 12 juin 2021, ainsi que l’a annoncé la présidence de la République. Une manière de refermer la parenthèse ouverte il y a deux ans par les millions d’Algériens descendus dans les rues du pays.
Le scénario privilégié par le pouvoir est aujourd’hui limpide. Pour les autorités, il existe un Hirak légitime, celui de 2019, qui s’est achevé cette année-là avec le départ du président Bouteflika. Par la suite, un nouveau président a été élu et une nouvelle constitution adoptée par référendum. Tout est désormais réglé. Le ménage a été fait, l’« Algérie nouvelle » est en marche, et il n’y a plus matière à la contester.
Du point de vue d’Alger, le nouveau scrutin législatif doit clore le cycle de changement entamé en février 2019. Mais sur le terrain, la défiance est générale, et les élections se préparent en catimini. « On a l’impression que les futurs candidats ont peur de se déclarer », témoigne d’Alger le journaliste Lyas Hallas, co-fondateur du site d’enquête et de reportage Twala. Curieuse campagne politique, que celle qui se prépare sans publicité, et où les postulants préfèrent avancer masqués.
De fait, le scénario business as usual imposé par le pouvoir est aujourd’hui contredit par la réalité. L’adhésion des Algériens ne lui est pas acquise. Après une pause due à la pandémie du Covid-19, les manifestations ont re