Santé

Masques et pandémie : ce qui compte le plus, c’est ce qu’on protège le moins

Sociologue, Sociologue, Épidémiologiste, Biologiste et médecin

Entré dans le quotidien de nos vies depuis la pandémie, le masque fait depuis quelques jours son retour dans la rue. Pourtant dans les représentations et les pratiques, il est moins perçu comme un moyen de protection à adopter que comme une contrainte qu’il faut lever. Résultats d’une enquête pluridisciplinaire. 

En mars 2020, le confinement a fait une entrée fracassante dans nos vies. Nous avons fait l’expérience rare d’un vécu commun, toutes et tous enfermé.es chez soi, dans le monde entier. Depuis, les mesures sanitaires s’enchaînent par cycle ou plutôt par vague. La crise est planétaire et nous fait vivre des expériences extraordinaires dans ce que nos vies ont de plus banal, de la manière de se saluer à distance à la réorganisation des pratiques culturelles et de loisirs.

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Progressivement le masque s’est aussi imposé dans notre quotidien, comme un instrument de lutte contre la pandémie. Et pourtant, il semble étrangement absent de nos mémoires. Dans le cadre de notre enquête menée d’avril à juin 2021 pour le projet de recherche QUALIMASK, piloté par le Dr Gabriel Birgand (Centre d’appui pour la prévention des infections associées aux soins, CHU de Nantes) et financé par l’Agence Régionale de Santé des Pays de la Loire[1], les réponses à la question « Vous souvenez-vous de la première fois que vous avez porté un masque ? » ont été beaucoup plus variées que ce à quoi nous nous attendions. Mars 2020 ? Mai ? À l’été ? À la rentrée scolaire ? Un tiers des personnes interrogées n’est pas capable de situer la période à laquelle elles ont commencé à porter le masque et deux tiers ne se souviennent pas ce qu’elles ont fait la première fois qu’elles sont sorties masquées.

Alors que durant le premier confinement, on pensait que ces changements conduiraient à un grand bouleversement, le fameux « monde d’après », force est de constater que les personnes que nous avons interrogées ont surtout mis en place des formes de résistances implicites, dans l’espoir d’un retour au monde d’avant.

Certes, il y a bien eu de profonds changements. Ainsi, par exemple, dans l’ancien monde, on n’était habitué ni au vocabulaire médical, ni à ses techniques de prévention des infections. Désormais, les mots les plus techniques sont entrés dans le langage courant : « Au travail on a des poubelles


[1] Dans le contexte de Covid-19, le port du masque est un pilier des mesures barrières. Le projet QUALIMASK a évalué le port du masque quantitativement (présence, type, positionnement, risque de contamination par manuportage associé) et qualitativement (perception, freins et leviers) en population générale. Dans le cadre de l’enquête qualitative, nous avons parcouru d’avril à juin 2021, les rues de 11 communes des Pays de la Loire, du petit bourg de moins de 3000 habitant.es à la sixième ville de France, en posant aux passant.es des questions sur le masque.

Elvire Bornand

Sociologue, Chercheuse au CENS de l'Université de Nantes

Frédérique Letourneux

Sociologue, Chercheuse au Centre Georg Simmel (EHESS)

Gabriel Birgand

Épidémiologiste, Pharmacien, coordinateur du CPias des Pays de la Loire, associé de recherche à la Health Protection Research Unit de l’Imperial College de Londres

Brice Leclère

Biologiste et médecin, Maître de conférence à l'université de Nantes, praticien hospitalier de santé publique, responsable de l’unité de recherche en santé publique interventionnelle du CHU de Nantes.

Rayonnages

SociétéSanté

Mots-clés

Covid-19

Notes

[1] Dans le contexte de Covid-19, le port du masque est un pilier des mesures barrières. Le projet QUALIMASK a évalué le port du masque quantitativement (présence, type, positionnement, risque de contamination par manuportage associé) et qualitativement (perception, freins et leviers) en population générale. Dans le cadre de l’enquête qualitative, nous avons parcouru d’avril à juin 2021, les rues de 11 communes des Pays de la Loire, du petit bourg de moins de 3000 habitant.es à la sixième ville de France, en posant aux passant.es des questions sur le masque.