Le juge et le citoyen
La majorité des Français trouve la justice laxiste. C’est du moins ce que mesurent les sondages récurrents publiés sur la question. En mars 2013 on pouvait par exemple lire dans le Figaro que « 76 % des sondés estiment que les peines devraient être plus sévères » et que « 66 % souhaitent que la justice des mineurs soit plus ferme »[1].
Ces résultats faisaient écho à ceux publiés quelques mois plus tôt – par exemple dans le sondage publié par le même journal en 2011 – et préfiguraient ceux qui le serait quelques mois plus tard – par exemple dans les chiffres donnés en août 2013.
La relative stabilité des enquêtes sur la punitivité amène deux questions. La première porte sur l’origine du sentiment de laxisme exprimé par la population. Pourquoi les Français considèrent-ils les sanctions comme n’étant pas assez sévères ? Quels sont les déterminants, et éventuellement les biais conduisant à cette perception ?

La seconde question porte sur l’éventuel écart que ces sondages révèlent entre l’échelle de gravité des magistrats et celle des citoyens au nom desquels ils sont censés rendre justice. Elle pose la question de la prise en compte des préférences de la population dans les jugements ou, pour le dire autrement, la question de savoir si des juges tirés au sort prendraient des décisions différentes de celles des professionnels.
Aveu d’ignorance et références trompeuses
Commençons donc par nous pencher sur l’origine du sentiment de laxisme. En théorie, pour émettre ce type de critique, et plus généralement pour avoir une opinion, il faut deux choses : avoir un avis sur ce que devrait être les sanctions et savoir ce qu’elles sont. En réalité, il est probable que ces deux éléments fassent défaut parmi l’écrasante majorité des personnes interrogées. Tout d’abord la connaissance du niveau réel des peines semble relativement faible.
Une enquête[2] menée en 2009 par le ministère de la Justice révélait ainsi que près de la moitié des personnes sondées avouaient ne pas c