Quand la Cour suprême menace de nombreuses libertés
La récente décision de la Cour suprême, Dobbs v. Jackson, annule Roe v. Wade (1973), l’affaire qui avait fait du droit à l’avortement un droit fédéral aux États-Unis. Il n’y a toujours pas d’interdiction fédérale de l’avortement, mais la décision du droit à l’avortement incombe désormais à chaque État. Si une interdiction fédérale doit être adoptée, ce serait via le Congrès américain et, à l’heure actuelle, il ne semble pas y avoir de majorité dans les deux chambres pour franchir cette étape.
Au moment où nous écrivons ces lignes, on s’attend à ce qu’une douzaine d’États interdisent effectivement l’avortement dans les semaines à venir, et que les personnes de ces États qui cherchent à se faire avorter soient obligées de se rendre dans d’autres États (alors même que les voyages à cette fin seront très probablement interdits par certains de ces États, ce qui fait planer le spectre d’une nouvelle forme de contrôle des frontières).

Les personnes aisées trouveront sans doute un moyen de recourir à la procédure, en faisant appel à des médecins privés dans le cadre d’accords confidentiels, ou en se rendant dans des États où l’avortement demeure légal. En particulier pour les pauvres, les avortements redeviendront des opérations clandestines, menées dans des environnements peu sûrs, avec des conséquences désastreuses pour les personnes contraintes d’emprunter cette voie.
La suppression du droit à l’avortement tel qu’il était garanti par le gouvernement fédéral non seulement restreint la liberté des femmes mais accentue l’inégalité entre les sexes, en renforçant le contrôle de l’État sur leur corps. Mais est-il possible que cela affecte d’autres groupes, y compris certains mouvements sociaux dont les victoires juridiques reposaient sur un raisonnement similaire et une jurisprudence commune ?
Le slogan qui circule actuellement sur les médias sociaux : « They are coming for you next ! », « Vous êtes les prochains sur la liste ! »
La décision de la Cour suprême révèle