Société

Crise des piscines publiques : le retour à l’eau froide ?

Historien, Sociologue

Épidémie de Covid-19, pénurie d’eau de l’été 2022, augmentation du coût de l’énergie : le parc de piscines français, à la fois vieillissant et économiquement fragile, a été largement affecté par la succession de crises de ces dernières années, et avec lui l’indispensable apprentissage des activités natatoires et leur pratique. Au point de relancer l’intérêt des passionnés et des sportifs pour une pratique ancestrale : la nage en eau courante, en partant à la reconquête des fleuves et rivières.

Il y a plusieurs années que la situation des piscines publiques est difficile, avec un parc vieillissant, des bassins inadaptés, des comptes déficitaires, des délégations de service public (DSP) mal contrôlées[1], sans compter la difficulté à recruter des maîtres-nageurs, pas assez nombreux et précarisés[2]. Les modalités de gestion changent.

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Plusieurs événements majeurs sont venus récemment percuter l’économie fragile des piscines publiques, dont il faut rappeler que la billetterie ne couvre qu’un cinquième du coût de fonctionnement. La pandémie de Covid-19, d’abord, a conduit à la fermeture de la quasi-totalité des piscines pendant plusieurs mois, stoppant toute activité natatoire et particulièrement l’apprentissage scolaire qui s’en ressent encore plus de deux ans après.

La crise climatique ensuite, et la sécheresse de l’été 2022, nous ont rappelé à la fois la rareté de l’eau, et son attractivité par les temps de grosses chaleurs, dans un pays qui compte une piscine privée pour 27 habitants – deuxième place mondiale après les États-Unis –, dont une bonne partie ne sont pas déclarées au fisc, comme nous l’a appris l’analyse par intelligence artificielle des photos aériennes. Les épisodes caniculaires ont aussi pour conséquence d’augmenter les noyades, première cause de mortalité par accident de la vie courante chez les moins de 25 ans[3].

Enfin, et surtout, les renchérissements des coûts de l’énergie consécutifs à l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont provoqué des réactions radicales, comme la décision unilatérale de fermer trente bassins par l’exploitant en DSP Vert Marine début septembre, rompant de fait la continuité du service public ; ou la décision de plusieurs villes puis du gouvernement d’appeler à baisser la température de l’eau des bassins d’un degré au début du mois d’octobre, afin de faire des économies, en accord avec le plan de sobriété énergétique.

Les titres de la presse sont éloquents : « Val-de-Marne : la piscine de Nogent-sur-Marne


[1] Cour des comptes, « Les piscines et centres aquatiques publics : un modèle obsolète », Rapport public annuel 2018, pp. 497-546.

[2] Camporelli Fabien, « En finir avec l’image du maitre-nageur en tongs sur sa chaise », dossier Le manque de MNS, Club des acteurs du sport, 2022.

[3] Santé publique France, Enquête noyades 2021, mis à jour le 21 juin 2022.

[4] Auvray Emmanuelle, Bellaunay Ivan, « La natation scolaire sur Caen, des espaces idoines pour ordonnancer le corps des élèves. 1880-2006 », Sciences sociales et sport, à paraître en 2023.

[5] La pratique des activités physiques et sportives en France, Ministère en charge des Sports et Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance, Paris, 2015, p. 74.

[6] Hachet Benoît, Fely Samuel, Bonjour T., « 2023, Nager à Paris : une enquête sur l’ordre des bassins dans cinq piscines publiques du nord-est de la capitale », Sciences Sociales et Sport (à paraître en janvier 2023).

[7] La pratique des activité physiques et sportives en France, op. cit., p. 73.

[8] Riffaut Hadrien, « Entre les lignes. Enquête sur les nageurs réguliers de la piscine Pontoise à Paris », Émulation, Revue de sciences sociales, n° 22, 2017, pp. 83-97.

[9] Segalen Martine, Les enfants d’Achille et de Nike. Éloge de la course à pied ordinaire, Métailié, 2017.

[10] Wypychowski Caroline, « Baignades urbaines : plongez au cœur des cours d’eau nantais », Architecture, aménagement de l’espace, 2018.

[11] Sirost Olivier, Machemehl Charly, Ducrotoy Jean-Paul, Reclaiming and Rewilding River Cities for Outdoor Recreation.,Springer, 2020.

Emmanuel Auvray

Historien, Professeur agrégé d'éducation physique

Benoît Hachet

Sociologue, Enseignant à l'EHESS

Mots-clés

Eau

Notes

[1] Cour des comptes, « Les piscines et centres aquatiques publics : un modèle obsolète », Rapport public annuel 2018, pp. 497-546.

[2] Camporelli Fabien, « En finir avec l’image du maitre-nageur en tongs sur sa chaise », dossier Le manque de MNS, Club des acteurs du sport, 2022.

[3] Santé publique France, Enquête noyades 2021, mis à jour le 21 juin 2022.

[4] Auvray Emmanuelle, Bellaunay Ivan, « La natation scolaire sur Caen, des espaces idoines pour ordonnancer le corps des élèves. 1880-2006 », Sciences sociales et sport, à paraître en 2023.

[5] La pratique des activités physiques et sportives en France, Ministère en charge des Sports et Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance, Paris, 2015, p. 74.

[6] Hachet Benoît, Fely Samuel, Bonjour T., « 2023, Nager à Paris : une enquête sur l’ordre des bassins dans cinq piscines publiques du nord-est de la capitale », Sciences Sociales et Sport (à paraître en janvier 2023).

[7] La pratique des activité physiques et sportives en France, op. cit., p. 73.

[8] Riffaut Hadrien, « Entre les lignes. Enquête sur les nageurs réguliers de la piscine Pontoise à Paris », Émulation, Revue de sciences sociales, n° 22, 2017, pp. 83-97.

[9] Segalen Martine, Les enfants d’Achille et de Nike. Éloge de la course à pied ordinaire, Métailié, 2017.

[10] Wypychowski Caroline, « Baignades urbaines : plongez au cœur des cours d’eau nantais », Architecture, aménagement de l’espace, 2018.

[11] Sirost Olivier, Machemehl Charly, Ducrotoy Jean-Paul, Reclaiming and Rewilding River Cities for Outdoor Recreation.,Springer, 2020.