Le potentiel climatique
En 1996, les climatologues Denis Lamarre et Pierre Pagney ont proposé la notion de « potentiel climatique » pour définir la manière avec laquelle une société, à une époque donnée, se représente les contraintes et les ressources d’un climat[1].

Cette notion englobe ce qu’il est possible et impossible de faire dans un climat à un moment donné. L’amplitude annuelle des températures, l’ensoleillement, la violence du vent ou le régime des précipitations participent à la définition du potentiel climatique d’une région qui évolue au cours du temps. Tous ces facteurs interviennent plus ou moins clairement dans l’image populaire de certains climats (climat doux et ensoleillé du sud de la France, climat pluvieux de la Côte atlantique, etc.).
En modifiant inconsciemment ou consciemment le climat à l’échelle locale ou régionale, mais aussi en produisant des instruments pour comprendre le climat qu’elle habite, une société transforme par là même sa perception du potentiel climatique. L’invention ou le développement de certaines techniques bouleverse également cette perception. Par exemple, l’introduction du moulin à vent en Europe au XIIe siècle a profondément modifié le potentiel climatique de nombreux climats, des côtes de la mer du Nord au pourtour méditerranéen. Des climats venteux souvent désagréables à habiter devenaient économiquement intéressants car ils pouvaient fournir une énergie intermittente, mais directement utilisable pendant de longues périodes. Avec ce type de technique, le climat devient une ressource.
Cette notion de « potentiel climatique » n’est plus guère utilisée que dans les vieux manuels de climatologie. Pourtant, son importance paraît cruciale à l’époque du changement climatique. Car s’il est avéré depuis plusieurs décennies que les activités humaines produisent un réchauffement à l’échelle globale, l’identification du potentiel climatique à l’échelle régionale ou locale reste approximative. À nos latitudes, on sait entre autres que le régime