Flashes d’un cauchemar froid – en hommage à Moon Martin
Les articles nécrologiques regrettant la disparition de John David Martin (dit Moon Martin) ont dit l’essentiel : sa ressemblance avec Woody Allen (les lunettes !), l’origine de son pseudo venant de la présence fréquente de la lune dans ses textes, la fragilité « féminine » de sa voix, ses influences vintage (Buddy Holly, Chuck Berry, les Beatles…), ses chansons reprises par Mink DeVille (Cadillac walk, Rolene), son tube planétaire par Robert Palmer interposé (Bad case of loving you), son tube français par lui-même (Bad news), les journalistes les plus « pointus » allant jusqu’à rappeler que même notre Johnny national avait chanté du Moon (Victim of romance devenu Victime de l’amour)…
Oui, ces articles ont dit l’essentiel, mais au sens Wikipédia du terme, c’est-à-dire qu’ils ont aussi loupé l’essentiel : rendre vraiment justice à ce petit maître du rock, chanter une dernière fois les louanges qu’il méritait. Car tout second couteau qu’il fut, Moon Martin était un as, une fine lame du riff et du texte qui tue, un orfèvre rare de la chanson rock – du moins durant les trois années où il signa ses trois premiers albums, authentique brelan d’as.
La première fois que l’on entendit son nom, ce fut en 1977 à l’occasion de la sortie de Cabretta, sublime premier album de Mink DeVille. Le sommet du disque était Cadillac walk, un boogie racé, nocturne, spectral, menaçant, qui sonnait comme la BO idéale d’un film noir qui n’existait pas, convoquant effroi et tension érotique. C’était signé par un certain Moon Martin. Un an plus tard, on retrouvait Cadillac walk sur le premier album de Moon, Shots from a cold nightmare. Cette version originale était inférieure à celle de Mink, la voix frêle de Moon ne pouvant se mesurer au timbre rauque, bluesy et soul de Willy DeVille, mais elle attestait de l’éclosion d’un authentique songwriter rock.
Le verbe rock doit rester bref, concis, dépouillé et s’ajuster alchimiquement aux riffs, couplets et refrains.
Mais il faudrait une fo