Art contemporain

Exposer l’exposition – à propos d’Une exposition mise en scène de Mathieu Copeland

Critique d'art

« Écrire une exposition, c’est avant tout la chorégraphier » : ce samedi 11 septembre à la Ferme du Buisson, Mathieu Copeland confirme à nouveau son intention de déplacer le paradigme « exposition » en le confrontant à la scène. Un pas de côté pour offrir aux spectateurs-visiteurs une expérience pleine, mobilisant une quinzaine d’artistes aux pratiques post-conceptuelles.

La pratique culturelle de l’exposition, c’est entendu, est une forme historique, et demeure aujourd’hui un régime dominant au nombre des médias de diffusion culturelle pour les arts visuels. La réflexivité moderniste l’a interrogée et mise en question, dans ses contraintes cognitives comme sociales, formelles comme idéologiques. Et l’art contemporain n’est pas en reste, tant s’en faut, quand il s’agit d’en questionner les limites, de les dépasser, de les contourner. Les artistes conceptuels, avec l’esprit de critique institutionnelle qui les porte souvent, s’en sont pris à ses formes avec verve, et désormais, le commissaire rhabillé en curateur en a conforté encore l’importance, faisant volontiers du spectateur une instance active. L’exposition est un sujet. Mathieu Copeland, en commissaire et éditeur indépendant, le travaille depuis une vingtaine d’années. Avec méthode, en déplaçant les conventions, en croisent les genres, en activant les porosités de catégories.

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Ainsi pour un soir, avec Une exposition mise en scène, ce samedi 11 septembre à la Ferme du Buisson, il fait exposition sur une scène de théâtre : en commissaire, il a proposé à des gens de scène d’interpréter les œuvres d’une quinzaine d’artistes, relevant de pratiques différentes mais inscrites dans un héritage post-conceptuel. Certes, reste à savoir, au jour de l’exposition et pendant les quelques deux heures qu’elle dure, quelle lecture des œuvres, quelle sorte d’existence la représentation parviendra à leur conférer, selon l’enjeu qu’y fixe Copeland de « donner le sentiment des œuvres » en renouvelant et en aiguisant leur perception[1].

S’il y a bien un « pas de côté » avec ce passage par la scène et le spectacle, il s’inscrit dans une démarche de long terme du commissaire, marquée par l’exploration et la mise en œuvre des formes, cadres et conditions de l’exposition au travers de divers formats ; mais aussi par un travail théorique de croisement des points de vue, de réflexions et d’expérie


[1] Conversation avec Mathieu Copeland, qui trouve plusieurs échos dans ces lignes.

[2] Voir la contribution de Barbara Formis au volume collectif conduit pas Mathieu Copeland, Chrorégraphier l’exposition, co-édité par La Ferme du Buisson et la Kunst Halle Sankt Gallen, Les Presses du réel, 2013

[3] Voir Mathieu Copeland, Marie-Hélène Leblanc, Jennifer Lacey, Laetitia Sadier, Digressions (entretiens), Captures Éditions, Les Presses du réel, 2021

[4] Mathieu Copeland et Julie Pellegrin (éd.), Chorégraphier l’exposition, Les Presses du réel, 2013

[5] Mathilde Roman, Habiter l’exposition, 2020, Manuella Éditions

Christophe Domino

Critique d'art, Commissaire d'expositions et enseignant

Notes

[1] Conversation avec Mathieu Copeland, qui trouve plusieurs échos dans ces lignes.

[2] Voir la contribution de Barbara Formis au volume collectif conduit pas Mathieu Copeland, Chrorégraphier l’exposition, co-édité par La Ferme du Buisson et la Kunst Halle Sankt Gallen, Les Presses du réel, 2013

[3] Voir Mathieu Copeland, Marie-Hélène Leblanc, Jennifer Lacey, Laetitia Sadier, Digressions (entretiens), Captures Éditions, Les Presses du réel, 2021

[4] Mathieu Copeland et Julie Pellegrin (éd.), Chorégraphier l’exposition, Les Presses du réel, 2013

[5] Mathilde Roman, Habiter l’exposition, 2020, Manuella Éditions