Tout n’est que vanité – sur Asteroid City de Wes Anderson
La critique, notamment française, semble s’être lassée des films de Wes Anderson, quitte à le rejeter depuis The French Dispatch. L’appétence du cinéaste pour faire de ses mises en scène un jeu de train électrique dont il contrôle jalousement chaque détail a pu paraître comme une impasse, et cet exercice ludique qui rejoue à chaque nouvel opus des dispositifs complexes de récit enchâssés, de décors obsessionnellement reconstitués et de systèmes de mouvements de caméra proches de l’horlogerie, comme une coquille.

On a souvent reproché à cette mécanique répétitive et à la monotonie de son faux rythme de tourner à vide. Rien de tel dans Asteroid City qui fait de son carnaval de stars internationales une danse macabre tragi-comique.
Le goût du divertissement
Il y a dans Asteroid City précisément un goût du divertissement, mais au sens le plus fort du terme, dans son acception pascalienne : « tout le malheur de l’homme vient de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre ». Si le réalisateur construit avec chaque film ces maisons de poupées dont il maîtrise chaque élément, c’est donc pour se détourner de l’idée de sa propre fin et donc finitude. L’hystérie de son cinéma et de ses personnages a toujours masqué une profonde mélancolie. Mais ce motif n’aura jamais été si actuel que dans Asteroid City, film sur le deuil qui n’a de cesse de s’agiter pour ne pas affronter son sujet principal : la peur de la mort, le manque, l’infini. Le créateur insuffle à sa galerie de personnages son propre aveuglement métaphysique : tous se rencontrent dans une ville fictive du désert à la lisière du Nevada et de l’Arizona pour y observer des phénomènes astronomiques. En l’année 1955, la petite ville, célèbre pour avoir été le point d’atterrissage d’une météorite 6 000 ans plus tôt, attire des adolescents surdoués passionnés d’astronomie et alléchés par la bourse qui s’offrira à celui d’entre eux qui aura livré l’invention la plus utile.
Ces space cadets et leurs parents se c