Lois de bioéthique : où sont les femmes ?
Les États généraux de la bioéthique ouverts le 18 janvier dernier sont la première étape d’une révision générale des lois de bioéthique prévue par la loi de 2011. Organisés par le Comité consultatif national d’éthique (CCNE), l’instance consultative qui éclaire le législateur et le gouvernement sur ces matières complexes et disputées, ils remettent en jeu les multiples questions que les avancées de la science et des techniques médicales posent à l’opinion publique, dont les conceptions diverses du juste, du bon et de l’acceptable ont beaucoup évolué depuis les premières lois de bioéthique de 1994. Des sondages récents dessinent ainsi un libéralisme marqué, favorable à l’expression d’une liberté plus grande de l’individu-e sur son corps, des origines de la vie à la mort, et sur les formes sociales d’accueil de la vie (familles monoparentales et homosexuelles).
Y a-t-il risque de dissolution de la société, de marchandisation des corps ? Ou bien y a-t-il possibilité de s’affranchir d’un ordre sexuel hétéro-normé ouvrant le droit, à tous, à une vie familiale sans discrimination de sexe (garanti par les articles 8 et 14 de la Convention européenne des droits de l’homme) ? C’est dans ce contexte que je propose ici ce que pourrait être le point de vue des « femmes » dans le débat bioéthique en cours et une lecture critique de l’avis n° 126 (juin 2017) du CCNE, avis favorable à l’extension de l’assistance médicale à la procréation (AMP ou PMA) aux femmes célibataires et aux homosexuelles, mais non à la GPA (gestation pour autrui, où l’on implante un embryon sans lien génétique avec la mère porteuse puisqu’il provient des gamètes des parents d’intention, avec ou sans donneur extérieur).
Femmes et bioéthique : droits des femmes ou chose publique ?
Pour les Françaises, l’enjeu de la révision des lois de bioéthique est double. D’une part, les femmes homosexuelles en couple et les célibataires réclament au nom de l’égalité juridique un « droit » à la PMA, aujourd’hui