La nuit tombe sur Rio
Voici ce qu’on a récemment pu entendre au Brésil : « La jaquette, fais gaffe, Bolsonaro va tuer des pédés ! » Nous n’avons pas affaire ici à des propos d’un autre temps, ces termes ont été criés dans les métro de São Paulo, Rio de Janeiro et Belo Horizonte les 8 et 9 octobre derniers par des supporters de Jair Bolsonaro, candidat d’extrême droite à l’élection présidentielle brésilienne. La violence qui semble avoir gagné le pays est passée à un stade supérieur, au moment où un capoeriste de la région de Salvador, Mestre Moa do Catendê a été assassiné, poignardé à douze reprises, pour avoir critiqué Bolsonaro. Dimanche 7 octobre, les Brésiliens ont voté pour le premier tour de l’élection présidentielle. Je m’attendais à un résultat impressionnant de celui qu’un article du Figaro appelle « Le petit Hitler tropical », je n’aurais jamais pu l’envisager aussi élevé (46 %).

Ce week-end je suis allé voter, considérant mon passeport et mon titre d’électeur comme des armes que j’espérais suffisantes à combattre une candidature qui a d’importants caractères fascistes. Mon réveil n’a pas manqué de me donner un terrible sentiment de « gueule de bois ». Et pourtant, à y réfléchir, cette situation est le fruit de plusieurs années d’irrespect des lois et du fonctionnement démocratique du pays, d’entretien de la haine, de fausses informations et d’opposition des gens les uns aux autres.
À l’automne 2010, Lula quittait le palais du Planalto après deux mandats. Si quelques affaires avaient éclaboussé le PT au cours des deux mandats de l’ex-président (Mensalão, scandale de corruption ayant touché le PT en 2005), celui-ci partait dans un contexte favorable, avec plus de 80% d’opinions positives après ses deux mandats, et sa dauphine PT, Dilma Rousseff, avait été élue dans un fauteuil ; le pays semblait tenir face à la crise de 2008 et attendait la coupe du monde de football pour 2014 et les Jeux Olympiques de Rio de Janeiro pour 2016. Mais la crise a frappé de plein fouet le Brésil pa