Bauhaus revival – 100 ans et après
À la preuve par la monstration et l’épaisseur, nous avons préféré nous intéresser au mélange, au fragment. Aussi, avons-nous contribué par un livre – staatliche bauhaus cent pour cent 1919-2019 – réunissant les courts textes de 36 chercheurs s’attachant à « prélever » ce qui n’aura pas été suffisamment regardé, étudié, discuté. Faire mouche. Artistes, designers et théoriciens rapprochent des images d’archives, des faits « souterrains » avec la précision que permet l’incise d’un texte bref. La volonté n’est pas la complétude, or la rigueur de l’aperçu fragmentaire contrebalance la célébration. La description et les interrogations posées par « touches » et « bribes » dessinent aussi un paysage contemporain.

Ce faisant on y comprend ce dont le design n’est pas exempt : l’ambiguïté sur la place des femmes au bauhaus, par exemple, est un sujet. Elle occupe une position centrale dans la mini-série diffusée sur arte en septembre dernier et d’une autre manière dans l’ouvrage sus-cité. C’est un « révélateur » de poids : les étudiantes des écoles de design forment souvent 70 à 80% des effectifs. Que deviennent-elles ? Où brillent-elles ? Elles travaillent donc. Mais où ? La série allemande en fait le « nœud » d’une intrigue sans relief – n’est pas Céline Sciamma qui veut – et rate le coche que nous souhaitions interroger sur ce qui rapporte le bauhaus à notre moment. Mais ce qui auparavant nous fait buter et explique le recours au bauhaus, c’est la France.
Le design en France n’a pas d’histoire
La France est satisfaite de compter dans ses rangs d’illustres figures : des designers médiatiques (de Starck aux Bouroullec…), une triade de créateurs iconiques (Paulin-Tallon-Mourgue), des pionniers modernes, dont l’une (Charlotte Perriand) est actuellement célébrée à la fondation Louis Vuitton encore en ascension au firmament des côtes mobilières (Saint Baudrillard de l’économie politique du signe, priez pour nous). Assurément des talents, des œuvres brillant comme des joyaux… Bref