Politique

Mali, l’impossible débat sur la guerre

Historien

La France a rendu un hommage appuyé et légitime, lundi 2 décembre, aux 13 soldats morts récemment au Sahel. Un moment d’union nationale qui a toutefois révélé qu’il était plus difficile que jamais d’initier un débat politique mature sur l’armée et ses usages. Un débat pourtant indispensable face à la perte progressive d’influence des institutions régulatrices mondiales, et à la brutalisation des relations internationales.

Ceux qui tombent en service commandé pour la France nous obligent parce qu’ils ont, au prix de leur vie, accompli ce que la République, la Nation toute entière attendait d’eux et d’eux seuls. Il y a un temps pour tout ; on peut s’interroger, c’est légitime et même nécessaire pour s’assurer que leur sacrifice ne soit pas vain. Mais les premières pensées doivent être celles de l’hommage et de la reconnaissance.

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La reconnaissance leur est due comme elle doit l’être pour l’ensemble des militaires qui jours et nuits assurent la défense de notre pays. À l’occasion des mouvements sociaux dans les services publics, on ne peut qu’espérer une toujours plus grande aptitude de la société – en fait surtout une plus grande conscience politique – à se souvenir qu’à chaque instant des femmes et des hommes s’engagent au-delà du possible pour le bon fonctionnement de nos institutions : celles qui assurent l’accès aux connaissances, la sécurité sociale comme la sécurité nationale, institutions sans lesquelles la démocratie n’est pas possible.

Treize morts, treize soldats fauchés : il s’agit de la plus grande perte « instantanée » française depuis l’attentat du Drakkar au Liban le 23 octobre 1983. Ils sont tombés dans la nuit du 25 au 26 novembre. Leurs corps sont arrivés en métropole au soir du 1er et le 2 décembre, jour de la célébration d’Austerlitz, à 11h30, ils remontent le pont Alexandre III en direction des Invalides pour la cérémonie militaire d’hommage. Depuis quelques années ce chemin est devenu rituel, qui permet à ceux qui le souhaitent de se masser le long du chemin pour rendre un hommage silencieux.

Le rituel emprunte en partie à celui qui s’est discrètement mis en place au Royaume-Uni pendant les guerres d’Afghanistan et d’Irak. Alors que les citoyens britanniques tentaient d’ignorer ces conflits et donc leurs morts, les habitants du petit village de Wootton Bassett – bordant la base aérienne de Lyneham dans le Wiltshire – avaient ainsi rendu hommage imperturb


Ramon Epstein

Historien