Le sauvetage de notre modèle social passe par les urnes
Il échappe désormais à peu de Français que depuis son élection, Emmanuel Macron a tourné le dos à sa stratégie de campagne visant à être « en même temps » de droite et de gauche. Même si tous les électeurs ne maitrisent pas cette classification, une enquête récente de BVA indique que des sondés invités à classer le président sur une échelle gauche-droite – 1 étant le plus à gauche et 10 le plus à droite – sont 65% à lui attribuer une note entre 6 et 10, et près de la moitié entre 6 et 8.
La comparaison de la sociologie du vote « macroniste » au 1er tour de l’élection présidentielle avec celle des européennes indique que ce changement de perception se traduit par une recomposition de son électorat : la part des électeurs « macronistes » a augmenté de 7 points chez les artisans et commerçants (de 19% à 26%) et de 5 points chez les retraités (de 27% à 32%), tandis qu’elle a diminué de moitié chez les salariés du secteur public (de 26% à 13%), de 4 points chez les employés et les ouvriers et de 7 points chez les cadres et professions intellectuelles supérieures. Un quart des électeurs de François Fillon de 2017 ont ainsi accordé leurs suffrages à la liste de LREM en 2019, tandis que cette dernière n’a réussi à rassembler que 60% de l’électorat d’Emmanuel Macron de 2017, un cinquième de celui-ci se reportant vers la liste d’Europe Écologie Les Verts menée par Yannick Jadot.
Certes la définition macronienne de la gauche a toujours été minimale, réduite à un humanisme basique : « Si c’est être de gauche que de penser que l’argent ne donne pas tous les droits, que l’accumulation du capital n’est pas l’horizon indépassable de la vie personnelle, que les libertés du citoyen ne doivent pas être sacrifiées à un impératif de sécurité absolue et inatteignable, que les plus pauvres et les plus faibles doivent être protégés sans être discriminés, alors je consens aussi volontiers à être qualifié d’homme de gauche », écrit-il dans Révolution (XO éditions, 2016).
Même sur cette base, il est peu contestable qu’en matière de politique d’accueil des réfugiés, de lutte contre les discriminations et contre les inégalités, et de respect des libertés, la politique du président n’a penché depuis le début du quinquennat que d’un seul et même côté. Les fortes critiques émanant de certains de ses proches soutiens le confirment. Dès janvier 2018, Thierry Pech, directeur général de Terra Nova et l’économiste Jean Pisani-Ferry, reprochent au président d’avoir tourné le dos à sa « profession de foi “universaliste” » dans le traitement des réfugiés.
Près de deux ans plus tard, c’est l’historien François Dosse, proche de Paul Ricœur et auteur d’un ouvrage reconnaissant la légitimité d’Emmanuel Macron à s’en réclamer (Le Philosophe et le Président. Ricœur et Macron, Stock, 2017), qui l’accuse vertement d’avoir trahi les idéaux du philosophe en stigmatisant « la population immigrée comme source des problèmes que rencontre la société française ». Pour sa part, l’économiste Philippe Aghion, l’un des inspirateurs du projet économique du candidat, n’a pas hésité à mettre en cause la politique fiscale du président en se disant « inquiet » de le voir privilégier le modèle libéral anglo-saxon plutôt que le « modèle scandinave ».
L’avocat et écrivain François Sureau, rédacteur des premiers statuts d’En Marche et ami du couple Macron, ne cesse de dénoncer les mesures liberticides prises à l’encontre des « Gilets jaunes » ou en vue de prévenir le terrorisme. En septembre 2019, lors de la sortie de son livre Sans la liberté, il vitupère ainsi sur France-Inter « la libido bureaucratique [qui] nous gouverne ».
Dernier en date, Pierre Ferracci, président du groupe Alpha, un cabinet spécialisé dans les relations sociales et ami personnel du président, juge sur France-Info ce 8 décembre qu’en matière sociale Emmanuel Macron « fait une politique qui est plutôt au centre droit, ou même à droite » et l’exhorte à « différer la réforme des retraites », qu’il estime « mal préparée, avec une dose d’amateurisme très imposante ».
Emmanuel Macron ne s’est saisi d’aucune des opportunités qu’il a eu de gauchir quelque peu sa ligne depuis ses choix droitiers initiaux.
Il n’est pas forcément aisé d’expliquer l’orientation résolument droitière prise par l’ancien conseiller et ministre de François Hollande qui a, rappelons-le, bénéficié du vote, dès le premier tour, de la moitié des électeurs de 2012 de son parrain en politique[1]. Le choix d’Édouard Philippe comme premier ministre, la composition du gouvernement, avec l’attribution des portefeuilles de l’Économie et des Finances et du Budget à deux membres des Républicains, la priorité donnée à la réduction de l’ISF et de l’impôt sur le capital (flat tax à 30%, suppression de l’exit tax contre l’évasion fiscale) et au renforcement de la dérégulation du droit du travail dès l’entame du quinquennat, attestent de la précocité de ce choix.
Certains y voient le fruit de l’ethos de bourgeois-banquier d’Emmanuel Macron ; d’autres un renvoi d’ascenseur à ceux qui ont financé et soutenu sa campagne, par médias interposés. On peut aussi y voir le produit d’un calcul bien compris. Face à un parti socialiste exsangue, dont il a siphonné la moitié des électeurs dès le premier tour, il ne restait plus à notre jeune président qu’à diviser et faire main basse sur la droite pour faire du Rassemblement national son seul opposant sérieux.
Comme, hormis les dieux, personne ne peut anticiper totalement les effets de ses actions, on ne peut bien sûr exclure que cette orientation initiale a entraîné le président bien plus loin qu’il ne le souhaitait. Cependant Emmanuel Macron ne s’est saisi d’aucune des opportunités qu’il a eu de gauchir quelque peu sa ligne depuis ses choix droitiers initiaux.
Ni les menaces de démission à répétition de Nicolas Hulot qui portait au sein du gouvernement les attentes de larges secteurs de l’opinion, en particulier de la jeunesse, en faveur de mesures fortes contre le réchauffement climatique, ni ensuite les appels à plus de justice et à plus de démocratie portés par les Gilets jaunes n’ont été utilisés pour donner ne serait-ce qu’un petit coup de barre à gauche. En lieu et place on a assisté à une surexposition du président dans le cadre d’un pseudo « Grand débat », correspondant davantage à une nouvelle campagne électorale destinée à vendre l’image d’un président à l’écoute devenu subitement plus modeste qu’à promouvoir une politique plus équilibrée.
Certes, sous la pression du mouvement des Gilets jaunes, le gouvernement a été contraint de lâcher, en plusieurs salves, la somme conséquente de 17 milliards de dépenses publiques diverses : chèque énergie, primes à la conversion de véhicule diesel ou de chaudières à mazout en novembre 2018, annulation des hausses prévues de la taxe carbone (3 milliards d’euros rien que pour 2019), retour à un taux de CSG de 6,6% pour les retraités dont les revenus oscillent entre 1.300 euros et 2.000 euros par mois (1,3 milliard), défiscalisation des heures supplémentaires (plus de 3 milliards), revalorisation et élargissement de la prime d’activité (2,3 milliards) en décembre 2018. À la fin du grand Débat le 25 avril 2019, le Président y a ajouté 7 nouveaux milliards pour 2020 sous la forme principale d’une baisse de 5 milliards d’euros de l’impôt sur le revenu à laquelle s’ajoute la « réindexation » des pensions inférieures à 2 000 euros par mois (près de 2 milliards).
Si le gouvernement a pris soin de « cibler » les premières tranches de l’impôt sur le revenu et de « neutraliser » les plus hautes pour éviter d’être à nouveau accusé de faire des « cadeaux aux riches », la promesse de financer cette baisse d’impôt par la suppression de niches fiscales réservées aux entreprises n’a guère été suivi d’effets. La fin des avantages fiscaux pour certains secteurs (gazole non routier, déduction forfaitaire spécifique et mécénat) est limitée : à 600 millions d’euros en 2020 quand le gouvernement annonçait 1 à 1,5 milliard. Au final c’est donc principalement en recourant à la dette que ces mesures sont financées.
Leur analyse montre au demeurant que les classes les plus modestes n’y ont que peu gagné. Guère concernées par la suppression de la taxe d’habitation et par l’allègement de l’impôt sur le revenu dont la plupart sont exemptées, elles seront en revanche les principales victimes des conditions d’accès plus drastiques à l’assurance-chômage. Elles vont surtout être, avec les classes moyennes salariées qui détiennent peu de patrimoine, les principales perdantes à venir de la réforme des retraites.
En fin de compte, au lieu d’entreprendre une politique correctrice des inégalités, de mettre en œuvre une politique de transition écologique équitable, de s’engager dans une politique de démocratisation de nos institutions, Emmanuel Macron a préféré agiter le chiffon rouge de la menace migratoire et engager une réforme des retraites profondément inégalitaire et anxiogène, quitte à droitiser encore plus son positionnement.
La vague de protestation sans précédent depuis 1995 qui se lève contre la réforme des retraites peut-elle enfin conduire le président à rééquilibrer sa politique ? Il fait peu de doute que des concessions seront faites, notamment quant à son calendrier d’application.
Mais comme le président et les ministres concernés n’ont cessé de le répéter « le cap » sera très vraisemblablement maintenu, à savoir le principe d’une réforme par points fondée sur la prise en compte non plus des meilleures années, mais de toute la carrière dans le calcul des pensions et d’un pilotage par l’Etat des dépenses de retraite, lui permettant de faire librement évoluer la valeur du point et donc de contrôler l’évolution des dépenses sociales.
Tant qu’une réelle menace d’un retour de la gauche au pouvoir n’est pas effective, le gouvernement continuera sa politique à la fois libérale et autoritaire.
Si la réforme devait être enterrée, il y a toutes chances que les partisans au sein du gouvernement d’une augmentation du nombre de trimestres de cotisation pour pouvoir bénéficier d’une retraite à taux plein se verraient confortés dans leur stratégie.
Nous avançons ici l’hypothèse que tant qu’une réelle menace d’un retour de la gauche au pouvoir n’est pas effective, le gouvernement continuera sa politique à la fois libérale sur le plan économique et social et autoritaire sur le plan des libertés. Si les partis et la démocratie représentative sont aujourd’hui largement discrédités, il faut en effet rappeler cette règle de base de notre régime politique que c’est l’élection qui désigne les représentants et légitime leurs politiques et que seul le risque de perdre les élections peut conduire nos gouvernants à réorienter leur politique.
Ainsi le recul in extremis de Dominique de Villepin et de Jacques Chirac sur le CPE (contrat première embauche) en avril 2006, après plusieurs journées de manifestations rassemblant à chaque fois près d’un million de personnes, n’est pas que le fruit de l’ampleur de la mobilisation, mais doit beaucoup au contexte pré-électoral et à la très forte pression exercée par le patron de l’UMP et ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy.
Candidat à l’élection présidentielle de 2007, on a aujourd’hui oublié qu’il n’a eu de cesse d’en appeler à « un compromis » dès que le mouvement a pris de l’ampleur. Autrement dit, un mouvement social ne peut faire reculer un gouvernement que s’il parvient à ébranler non seulement sa popularité mais son socle électoral.
En d’autres temps, la perspective d’une défaite aux élections municipales aurait pu jouer ce rôle d’aiguillon. C’est aujourd’hui peu probable. Formellement, LREM ne compte que très peu de maires sortants. Les candidats qu’elle a investis ont été élus sous d’autres étiquettes et se gardent d’ailleurs d’afficher trop ostensiblement ce soutien. En donnant la primeur à la stratégie du coucou, ou si l’on préfère le vocabulaire de l’entreprise, à la franchisation, LREM s’est mise à l’abri d’une défaite symbolique.
Quelques victoires à forte portée médiatique dans deux ou trois grandes villes (Lyon, Strasbourg, voire Paris ou Bordeaux) pourraient suffire à sauver la face et à crier victoire. Le scénario sera le même pour les départementales et les régionales de 2021. A terme le prix à payer pour cette très faible implantation territoriale risque d’être élevé pour LREM comme organisation, mais pas forcément pour ses cadres ou élus qui auront toujours la possibilité de fusionner dans une grande force de centre-droit qui pourrait être baptisé Mouvement progressiste ou en cas d’OPA réussie, Les Républicains en Marche…
Plus que jamais la mère des batailles est donc l’élection présidentielle et les législatives qui suivent. Or, dans les circonstances actuelles, tout laisse à penser qu’elle se jouera au second tour entre un candidat de centre-droit et Marine Le Pen, sortie renforcée des élections européennes. De récents sondages laissent entrevoir que la présence d’Emmanuel Macron au second tour n’est pas aussi garantie que certains l’escomptent.
Mais force est de constater que les leaders qui le menacent actuellement le plus ne sont ni insoumis, ni socialistes, ni écologistes. Selon Odoxa, François Baroin et Xavier Bertrand arrivent en troisième place de ses opposants les plus crédibles (37% d’opinion favorable), ex aequo derrière Marine Le Pen.
L’image beaucoup plus positive d’Édouard Philippe constitue également une menace rampante pour le président qui ne peut au final s’appuyer que sur un noyau assez restreint de fidèles et qui ne peut plus guère compter sur François Bayrou, affaibli par sa mise en examen. On ne peut ainsi exclure que l’actuel premier ministre, à la personnalité bien moins clivante, puisse constituer pour une bonne partie des centristes de l’UDI et des Républicains modérés un leader bien plus acceptable.
Si personne, après ce qui s’est passé en 2017, ne peut sérieusement prévoir le résultat de la prochaine élection présidentielle, l’extrême morcellement des forces de gauche et les rivalités d’appareil qui en accusent et qui souvent en exagèrent les divisions rendent peu probables la présence d’une candidature de gauche au second tour et donc les chances qu’un projet alternatif de consolidation de notre État social et de transformation de notre modèle de croissance l’emporte.
Faute d’entente sur une procédure de choix d’un ou une candidate à la présidentielle, des candidats ou candidates à l’élection législative et sur une procédure d’élaboration d’une plate-forme commune, il y a fort à parier que les électeurs et les électrices défendant la fin du démantèlement des protections collectives, des services publics forts, une politique de transition écologique ambitieuse et socialement juste, une démocratisation des institutions, une politique humaniste d’accueil des réfugiés et d’intégration des migrants, et des politiques fiscales vraiment redistributives… se disséminent au premier tour et soient réduits au second tour à choisir la peste, le choléra ou la mise en quarantaine pour cinq années supplémentaires.
Les divisions idéologiques, programmatiques et stratégiques au sein de la gauche existent, mais l’on oublie qu’elles sont aujourd’hui bien moins importantes que du temps de l’union de la gauche. La différence avec les années 1970 tient notamment à l’existence alors de partis fortement ancrés dans la société qui avaient inventé des dispositifs et des règles d’arbitrage de leurs différents et intérêts respectifs.
Le désancrage des partis n’est pas une fatalité mais ne se corrigera que lentement et suppose de la part de leurs dirigeants d’inventer de nouveaux dispositifs de mobilisation et de délibération ; en attendant, l’urgence commande de réinviter des procédures qui prémunissent contre les comportements égoïstes, aussi rationnels soient-ils. Jusqu’à 2012, le désancrage des partis n’avait pas empêché des compromis d’être passés. A partir de 2012, l’oubli de la logique du compromis couplé au désancrage a été fatal à la gauche partisane.
Le non-respect par François Hollande des compromis passés et son refus ou son incapacité de satisfaire a minima toutes les sensibilités de sa majorité ont conduit au désastre que l’on sait.
Jusqu’en 2012 en effet, le leadership du Parti socialiste sur la gauche, écologistes inclus, permettait à ses dirigeants d’utiliser les élections législatives pour limiter l’éparpillement des candidatures qui avait été fatal à Lionel Jospin en 2002. En échange de quelques circonscriptions et d’un compromis programmatique, le PS pouvait sinon toujours empêcher des candidatures adverses, mais limiter les critiques à l’égard du programme de son champion ou de sa championne.
Le choix de la primaire en 2011 a été un moyen de renforcer sa pole position, tout en régulant les effets pervers de ses divisions internes. En conséquence, avec un noyau d’électeurs fidèles assez bas comparativement aux autres partis sociaux-démocrates européens (autour de 20%), le PS pouvait asseoir son leadership sur toute la gauche, assuré qu’il était d’être présent au second tour de l’élection présidentielle et en tête de la gauche dans la majorité des circonscriptions. Le non-respect par François Hollande des compromis passés et son refus ou son incapacité de satisfaire a minima toutes les sensibilités de sa majorité ont conduit au désastre que l’on sait.
Aucun leader et aucune organisation n’occupent désormais cette position à la fois centrale et hégémonique qui était celle du PS. Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise se sont révélés incapables de convertir leur score électoral en sièges et de fidéliser leur électorat. Leur contre-performance aux élections européennes, un scrutin pourtant taillé sur mesure pour un mouvement fortement personnalisé qui fait de la question européenne un enjeu central de son programme l’a montré.
Cette fragilité ne saurait s’expliquer uniquement par les perquisitions judiciaires au domicile de Jean-Luc Mélenchon et au siège de son parti. L’incapacité à faire vivre le mouvement, à surmonter ses divisions internes faute de procédures transparentes de débat et de désignation de ses instances, mais aussi le refus de rassembler les forces de gauche en jachère mettent aujourd’hui Jean-Luc Mélenchon en position de grande faiblesse pour réitérer sa performance de 2017.
En dépit de son score honorable aux élections européennes EELV ne peut prétendre être ce nouvel hégémon. Ses 6000 adhérents, son modeste réseau d’élus nationaux et locaux, sa structure régionalisée, l’étroitesse de son milieu d’experts et de ses relais dans la haute fonction publique et dans le monde intellectuel sont autant d’obstacles sérieux sur la voie de son institutionnalisation et de sa légitimation comme parti de gouvernement.
Les socialistes enfin, s’ils ont sauvé les meubles aux européennes en s’alliant avec ce qui est, pour l’essentiel, un groupuscule d’intellectuels sans base militante et relais dans la société, n’apparaissent guère en mesure de retrouver à moyenne échéance leur position. Les victoires qu’ils espèrent aux municipales peuvent contribuer à montrer que le parti compte toujours et qu’il reste de loin à gauche, devant le parti communiste, celui qui compte le plus d’élus expérimentés et de militants, mais cela ne suffira pas à le crédibiliser comme porteur d’un projet alternatif à celui du gouvernement et à celui de François Hollande.
La catharsis des passions négatives qu’il suscite est loin d’être accomplie : l’absence de mesures fortes à mettre à l’actif du gouvernement Hollande à l’exception du mariage pour tous va peser longtemps sur l’image négative du PS. De ce point de vue, le choix qu’a fait Benoit Hamon de quitter le parti, alors qu’il avait réussi à incarner un réel renouveau et une réelle rupture a affaibli et le PS et… Benoît Hamon.
Bien sûr, les socialistes et les communistes ont de bonnes chances de limiter la casse aux élections municipales, les écologistes d’y réussir de belles percées et de faire quelques conquêtes, les insoumis d’y décrocher quelques mandats. Mais cela ne peut se convertir aux élections présidentielles que si ces différentes forces s’accordent sur une plate-forme et une candidature commune.
En l’état, seules des primaires ouvertes peuvent pallier l’absence de parti dominant. Ces primaires, dans l’idéal, devraient voir s’affronter un seul représentant de chaque organisation qui aurait pour charge de défendre un programme de rassemblement et qui s’engagerait à garantir un pourcentage de circonscriptions proportionnel au résultat du premier tour de la primaire.
Cette procédure ne garantit en rien que tous les partis de gauche jouent le jeu, mais plus ils seront nombreux plus celui ou celle qui fera bande à part se discréditera de lui-même. Une telle procédure ne doit pas attendre. Elle devrait être débattue et négociée au plus tard après les élections municipales et engagée au printemps 2021. Faute de quoi, le programme néo-libéral, de façon plus ou moins insidieuse, continuera d’être la principale boussole de la politique française et le nationalisme xénophobe et europhobe son meilleur allié objectif.