Fin du « capitalisme néolibéral » ? – mi-temps de la crise 3/3
Plus encore que précédemment, il faudra ici simplifier, occulter des problèmes et des points de vue qui feraient débat. Impossible, pourtant, de ne pas expliciter maintenant la question qui sous-tendait les considérations précédentes : en quel sens la crise où nous sommes plongés est-elle une « crise » ? Non seulement nous ne pouvons pas éluder la question, mais je comprends très bien qu’on trouve le terme équivoque ou mystificateur[1]. Si, néanmoins, on ne veut pas l’éviter, on devra se demander à nouveaux frais ce qui est en crise, et quels sont les termes qui paraissent pertinents pour définir son antithèse : « résolution », « révolution », « régulation »…

En commençant, j’ai suggéré que, dans notre perception de ce qui se produit aujourd’hui, les deux registres que la notion classique installait dans un rapport d’analogie, le médical et le politique, en viennent remarquablement à fusionner. C’est bien ce qui a conféré une crédibilité nouvelle à la terminologie élaborée par Michel Foucault dans les années 1970 : la « biopolitique », le « biopouvoir », auxquels on pourrait ajouter la « bioéconomie »[2]. Mais il ne faut pas s’en contenter, du moins sans la repenser à la lumière de l’actualité. On nous redit que, la pandémie ayant déclenché une crise sanitaire (ainsi qu’une crise de gestion de la santé publique) qui, elle-même, a entraîné un double effondrement de la production et de la consommation de certains biens fondamentaux (se présentant à la fois comme « crise de l’offre » et « crise de la demande », ce qui n’aurait pas de précédent récent)[3], une crise économique aux proportions gigantesques avec d’immenses répercussions sociales et géopolitiques est en cours de maturation.
Elle ne pourrait être résolue qu’à la condition de mettre en œuvre des « solutions » elles-mêmes inédites. Une quasi-unanimité semble se faire autour de l’idée que les modèles de mondialisation qui se sont imposés au cours des trente dernières années ont eu des conséquences désastreus