écologie

De la fin du charbon à la justice climatique

Juriste, Activiste

À quelques semaines de la COP26, Xi Jinping vient d’annoncer que la Chine cesserait de construire des centrales à charbon à l’étranger. Une décision motrice, que l’on attendait plutôt des États-Unis ou de l’Union européenne. Mais l’attention ne doit pas pour autant être focalisée sur la Chine. Une autre manière de contrôler la production énergétique a priori doit être envisagée, à rebours de l’approche autoritaire de Pékin : un contrôle citoyen, pour une transition énergétique « par le bas », plus juste et plus démocratique.

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Ces deux dernières semaines marquent à l’évidence un tournant important dans la géopolitique du climat. Lors de son discours (à distance) devant l’Assemblée générale de l’ONU, le président Xi Jinping a en effet annoncé que la Chine allait cesser de « construire » des centrales à charbon à l’étranger.

L’annonce a été largement diffusée. Mais elle n’a pour l’heure pas encore été comprise et commentée à la hauteur de ses implications. Gageons que si Emmanuel Macron ou Joe Biden avaient pris un engagement similaire, la couverture médiatique aurait été fort différente. Et c’est sans doute l’une des clefs de compréhension des annonces du 21 septembre : leur portée ne se limite pas à la seule question du climat. Les conséquences sont nombreuses, y compris du point de vue des stratégies du mouvement pour la justice climatique.

L’effet domino

Dans son discours, Xi Jinping s’engage donc à cesser tout investissement chinois dans des projets charbonniers à l’étranger. Plusieurs précisions sont ici nécessaires : l’annonce ne porte que sur les projets de centrales à charbon, pas sur l’activité minière elle-même. Concrètement, 44 projets de centrales, pour plus de 50 milliards d’investissements chinois, seraient concernés.

Il s’agit là, à l’évidence, d’une des annonces les plus importantes depuis le lancement des campagnes de désinvestissement du secteur des combustibles fossiles. Jusqu’alors, plus de 14 000 milliards de dollars d’actifs ont été désinvestis du charbon, du gaz et du pétrole. Mais il s’agit des actifs totaux, dont une partie seulement est en réalité investie dans les combustibles fossiles.

Courant 2015, le fonds souverain de Norvège a par exemple annoncé désinvestir du charbon, de certains hydrocarbures non-conventionnels (ainsi que du ciment et des mines d’or) – il s’agit d’une des plus grosses capitalisations boursières au monde. Le montant des actifs désinvestis représentait à l’époque 850 milliards de dollars d’actions et obligations – soit le plus gro


[1] Voir à ce sujet la conclusion de ATTAC, Vincent Gay et Nicolas Haeringer (dir.), Pour la justice climatique. Stratégies en mouvement, ATTAC/Les liens qui libèrent, à paraître le 6 octobre 2021

Amélie Canonne

Juriste

Nicolas Haeringer

Activiste, Chargé de campagne chez 350.org

Mots-clés

ClimatNucléaire

Notes

[1] Voir à ce sujet la conclusion de ATTAC, Vincent Gay et Nicolas Haeringer (dir.), Pour la justice climatique. Stratégies en mouvement, ATTAC/Les liens qui libèrent, à paraître le 6 octobre 2021