De la fin du charbon à la justice climatique

Ces deux dernières semaines marquent à l’évidence un tournant important dans la géopolitique du climat. Lors de son discours (à distance) devant l’Assemblée générale de l’ONU, le président Xi Jinping a en effet annoncé que la Chine allait cesser de « construire » des centrales à charbon à l’étranger.
L’annonce a été largement diffusée. Mais elle n’a pour l’heure pas encore été comprise et commentée à la hauteur de ses implications. Gageons que si Emmanuel Macron ou Joe Biden avaient pris un engagement similaire, la couverture médiatique aurait été fort différente. Et c’est sans doute l’une des clefs de compréhension des annonces du 21 septembre : leur portée ne se limite pas à la seule question du climat. Les conséquences sont nombreuses, y compris du point de vue des stratégies du mouvement pour la justice climatique.
L’effet domino
Dans son discours, Xi Jinping s’engage donc à cesser tout investissement chinois dans des projets charbonniers à l’étranger. Plusieurs précisions sont ici nécessaires : l’annonce ne porte que sur les projets de centrales à charbon, pas sur l’activité minière elle-même. Concrètement, 44 projets de centrales, pour plus de 50 milliards d’investissements chinois, seraient concernés.
Il s’agit là, à l’évidence, d’une des annonces les plus importantes depuis le lancement des campagnes de désinvestissement du secteur des combustibles fossiles. Jusqu’alors, plus de 14 000 milliards de dollars d’actifs ont été désinvestis du charbon, du gaz et du pétrole. Mais il s’agit des actifs totaux, dont une partie seulement est en réalité investie dans les combustibles fossiles.
Courant 2015, le fonds souverain de Norvège a par exemple annoncé désinvestir du charbon, de certains hydrocarbures non-conventionnels (ainsi que du ciment et des mines d’or) – il s’agit d’une des plus grosses capitalisations boursières au monde. Le montant des actifs désinvestis représentait à l’époque 850 milliards de dollars d’actions et obligations – soit le plus gro