Éducation

Pour un enseignement de la transition écologique

Épidémiologiste, Physicien, Ingénieure, Physicien

L’article 12 de l’Accord de Paris sur le climat, signé à l’issue de la COP21 en 2015, prévoyait que les pays signataires mettent en place des mesures pour améliorer l’éducation et la formation au sujet du dérèglement climatique. Alors que s’ouvre ce dimanche la COP26, une large majorité des étudiant·es du supérieur ne sont toujours pas formé·es à ces enjeux, alors même que les mobilisations écologistes portées par la jeunesse nous montrent que la demande se fait pressante. Un enseignement supérieur à la hauteur des enjeux environnementaux apparaît donc comme une nécessité.

publicité

La présence de plus en plus fréquente des questions environnementales et climatiques dans le débat public, conjointement à des initiatives étudiantes réclamant une plus grande place pour ces questions dans leurs formations, a ouvert une brèche dans les programmes du supérieur. Désormais, l’enseignement des enjeux climatiques et environnementaux y a gagné une légitimité nouvelle, comme en témoignent des initiatives pédagogiques de grande ampleur[1]. Les auteur·rices de ce texte en ont fait l’expérience : il fallait il y a encore quelques années déployer un argumentaire parfois dense pour justifier du bien-fondé de ce type d’enseignements. Dorénavant, dans des établissements de plus en plus nombreux, les directions de l’enseignement accueillent ces initiatives à bras ouverts, quand elles n’en sont pas elles-mêmes à la source.

Il y a ainsi une opportunité à saisir par des enseignant.es désireu·x·ses de faire avancer la cause environnementale, et ils·elles sont nombreu·x·ses à en juger par le succès de collectifs récents dans le secteur de la recherche et l’enseignement supérieur autour de ces questions (Labos 1point5, Atécopol, Sciences Citoyennes). Toutefois, se saisir de ces enjeux et les transmettre aux étudiant·es pose plusieurs défis, et parfois même des cas de conscience.

Un domaine à réserver aux spécialistes du climat ?

Prenons comme cas d’étude un·e enseignant·e amené·e à former ses étudiant·es aux enjeux environnementaux et climatiques, que ce soit par souci de préparer réellement ses étudiant·es au futur qui est en train de se dessiner, ou encore par volonté de remettre du sens dans un métier au sein duquel le malaise ne cesse de s’accroître[2].

Le premier cas de conscience qui pourrait survenir est celui de la question de la légitimité. Faut-il être spécialiste du climat ou des changements globaux pour être légitime à enseigner ces questions ? Un élément de réponse se trouve sans doute dans ce que nous rappellent les travaux du GIEC : tous les sec


[1] Voir par exemple l’initiative du Campus de la Transition, ou celle du projet ClimatSup Insa.

[2] « Le blues des chercheurs français », David Larousserie, Le Monde, octobre 2019.

[3] Qu’est-ce que l’ACV ?, Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), 2018.

[4] L’éducation au changement climatique, Office for Climate Education.

[5] L’équipe « Enseignement » du collectif Labos 1point5 travaille à la production de supports pédagogiques qui seront bientôt disponibles.

[6] « Decoupling debunked – Evidence and arguments against green growth as a sole strategy for sustainability », Parrique T., Barth J., Briens F., C. Kerschner, Kraus-Polk A., Kuokkanen A., Spangenberg J.H., European Environmental Bureau, 2019, ou encore « Is Green Growth Possible? », Jason Hickel et Giorgos Kallis, New Political Economy, Vol. 25, No. 4, 2020.

[7] « Could the rebound effect undermine climate efforts? », Sylvia Rowley, The Guardian, février 2011. Voir également « The Jevons paradox unravelled: A multi-level typology of rebound effects and mechanisms », Steffen Lange, Florian Kern, Jan Peuckert, Tilman Santarius, Energy Research & Social Science, Vol. 74, avril 2021.

[8] Daoust, Marc-Kévin (2018), « Neutralité scientifique (A) », dans Maxime Kristanek (dir.), L’Encyclopédie philosophique.

[9] Noëlle-Neumann, Elisabeth. « La spirale du silence. Une théorie de l’opinion publique », Hermès, La Revue, vol. 4, no. 1, 1989, pp. 181-189.

[10] Enquête conduite de fin juin à début décembre 2020 auprès de plus de 6 000 répondant·es, tiré·es au sort parmi l’ensemble des personnels affiliés à une unité du CNRS, tous statuts et disciplines confondus.

[11] « Enseigner la transition environnementale dans le supérieur », collectif Labos 1point5.

[12] « Les jeunes sont terrifiés par la crise climatique… et l’inaction des gouvernants », Marie Astier, Reporterre, septembre 2021.

Kévin Jean

Épidémiologiste, Maître de conférences au Conservatoire national des Arts et Métiers

Julian Carrey

Physicien, Enseignant-chercheur à l’INSA Toulouse

Marie-Alice Foujols

Ingénieure, Chargée de mission pour la transformation numérique auprès du doyen de la Faculté des Sciences et Ingénierie de Sorbonne Université

Guillaume Blanc

Physicien, enseignant-chercheur à l’université de Paris et au laboratoire de physique des 2 infinis Irène Joliot-Curie

Mots-clés

Climat

Notes

[1] Voir par exemple l’initiative du Campus de la Transition, ou celle du projet ClimatSup Insa.

[2] « Le blues des chercheurs français », David Larousserie, Le Monde, octobre 2019.

[3] Qu’est-ce que l’ACV ?, Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), 2018.

[4] L’éducation au changement climatique, Office for Climate Education.

[5] L’équipe « Enseignement » du collectif Labos 1point5 travaille à la production de supports pédagogiques qui seront bientôt disponibles.

[6] « Decoupling debunked – Evidence and arguments against green growth as a sole strategy for sustainability », Parrique T., Barth J., Briens F., C. Kerschner, Kraus-Polk A., Kuokkanen A., Spangenberg J.H., European Environmental Bureau, 2019, ou encore « Is Green Growth Possible? », Jason Hickel et Giorgos Kallis, New Political Economy, Vol. 25, No. 4, 2020.

[7] « Could the rebound effect undermine climate efforts? », Sylvia Rowley, The Guardian, février 2011. Voir également « The Jevons paradox unravelled: A multi-level typology of rebound effects and mechanisms », Steffen Lange, Florian Kern, Jan Peuckert, Tilman Santarius, Energy Research & Social Science, Vol. 74, avril 2021.

[8] Daoust, Marc-Kévin (2018), « Neutralité scientifique (A) », dans Maxime Kristanek (dir.), L’Encyclopédie philosophique.

[9] Noëlle-Neumann, Elisabeth. « La spirale du silence. Une théorie de l’opinion publique », Hermès, La Revue, vol. 4, no. 1, 1989, pp. 181-189.

[10] Enquête conduite de fin juin à début décembre 2020 auprès de plus de 6 000 répondant·es, tiré·es au sort parmi l’ensemble des personnels affiliés à une unité du CNRS, tous statuts et disciplines confondus.

[11] « Enseigner la transition environnementale dans le supérieur », collectif Labos 1point5.

[12] « Les jeunes sont terrifiés par la crise climatique… et l’inaction des gouvernants », Marie Astier, Reporterre, septembre 2021.