Guerre et climat : le péril de la nostalgie toxique
Vladimir Poutine serait animé par la nostalgie de l’empire – ça et le désir de surmonter la honte de la brutale thérapie de choc économique imposée à la Russie à la fin de la guerre froide. La nostalgie de la « grandeur » américaine constitue un des moteurs du mouvement que dirige toujours Donald Trump – ça et le désir de surmonter la honte face à la vilenie de la suprématie blanche qui a participé à la fondation des États-Unis et continue de les meurtrir. C’est aussi la nostalgie qui anime les camionneurs canadiens qui ont occupé Ottawa près d’un mois durant, brandissant leurs drapeaux rouge et blanc comme une armée conquérante, convoquant une époque plus simple où des corps d’enfants indigènes ne venaient pas troubler leur conscience, enfants dont on découvre encore les dépouilles sur les sites de ces institutions génocidaires qui osaient autrefois s’appeler « écoles ».

Il n’est pas question ici de la douce et sympathique nostalgie des plaisirs de l’enfance dont on se souvient confusément, mais d’une nostalgie enragée et destructrice qui s’accroche à de faux souvenirs de gloires passées et ce en dépit des preuves de leur inexactitude.
Tous ces mouvements et personnages nostalgiques ont en commun la quête d’une même et unique chose, d’une époque où l’on pouvait extraire les énergies fossiles de la terre sans avoir à se soucier ni de l’extinction massive, ni des enfants qui revendiquent leur droit à un avenir, ni des rapports du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), comme celui publié le 28 février 2022, qualifié par le secrétaire général de l’ONU António Guterres, d’« atlas de la souffrance humaine et une accusation accablante de l’échec du leadership climatique ».
Poutine, bien sûr, dirige un pétro-État, un État qui a refusé obstinément de diversifier sa dépendance économique vis-à-vis du pétrole et du gaz, malgré non seulement l’effet dévastateur des fluctuations en dents de scie de la valeur de ces matières premières po