Environnement et pouvoir des mots
Est-il possible de tirer un fil, de trouver une cohérence face à l’avalanche des questions qui s’amoncellent et obscurcissent l’horizon collectif, pandémie, tensions géopolitiques, inégalités et disparités socio-économiques, dérives autoritaires voire fascisantes, exacerbation des violences, etc… ? On peut sans doute proposer de multiples lectures des crises et des situations erratiques auxquelles nous sommes confrontés, mais il existe peut-être un terme commun à cet enchevêtrement de problèmes, c’est la notion d’environnement et sa signification du point de vue du devenir collectif.

Depuis l’émergence de la modernité et de façon beaucoup plus caractérisée depuis le XIXe siècle, ce devenir a reposé sur la détermination d’objectifs collectifs circonstanciés et restreints, largement quantitatifs, à la fois industriels, techniques, commerciaux, économiques, sanitaires ou sociaux, avec plus ou moins de précision et de rigueur et des marges considérables d’incertitude.
Ces objectifs étaient loin d’embrasser l’ensemble des aspects des existences humaines, comme l’ont montré les luttes sociales du XIXe siècle, qui ont abouti à faire reconnaître des pans entiers de l’existence, initialement totalement ignorés par le capitalisme naissant, en termes de santé, de sécurité, de protection, de droits humains. Les violences des deux guerres mondiales ont conduit à l’élaboration d’un nouveau compromis autour de la création de l’ONU et de ses agences et de la promulgation de la Déclaration universelle des droits de l’homme, tremplin à la décolonisation et à un nouvel âge des relations sociales et internationales sur fond d’affrontement Est-Ouest.
Le formidable essor scientifique, technique, industriel, économique et social qui a suivi a bouleversé en profondeur les équilibres mondiaux et a vu l’émergence et l’amplification à l’échelle planétaire, derrière les enjeux géopolitiques, d’une nouvelle interrogation avec la question environnementale. Celle-ci, d’abord fragmentair