Politique

La politique se déploie dans un monde virtuel

Haut fonctionnaire

Plus que jamais peut-être, les débats politiques s’égarent loin de la réalité, dans un monde virtuel peuplé de chimères que les responsables politiques n’osent pas confronter à la réalité faute d’avoir prise sur elle. Illustration à travers deux exemples d’actualité distincts : la constitutionnalisation du droit à l’avortement et la souveraineté énergétique.

En évoquant dans cette chronique le monde virtuel, je ne vise pas l’invasion de notre vie quotidienne par les technologies numériques et les métavers. Je veux parler de la vie politique telle qu’elle est organisée par notre classe politique avec le concours des principaux médias.

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Je vais essayer d’illustrer ce caractère virtuel de la vie politique par deux exemples qui a priori n’ont pas de rapport entre eux, si ce n’est d’avoir retenu l’attention des journalistes le 9 mars 2023 : le droit à l’avortement et la souveraineté énergétique.

Le leurre de l’inscription dans la constitution du droit à l’avortement

Emmanuel Macron a annoncé le 8 mars, à l’occasion de la journée de la femme, qu’il allait préparer dans les mois qui viennent un projet de loi visant à inscrire dans la constitution « la liberté pour les femmes de recourir à l’avortement ». 

Cette annonce n’est pas un scoop. Au lendemain de l’arrêt rendu par la Cour suprême des États-Unis d’Amérique, le 24 juin 2022, dans l’affaire « Dobbs vs. Jackson Women’s Health Organization », la présidente du groupe parlementaire Renaissance, Aurore Bergé, soutenue par la Première ministre Élisabeth Borne, avait annoncé qu’elle proposerait d’inscrire le droit à l’avortement dans notre constitution. Bien sûr, elle ne le faisait pas sans avoir reçu l’approbation préalable du Président de la République. On remarquera qu’il ne s’est rien passé depuis. Une annonce de plus sans lendemain, comme il y en a tant.

Mais arrêtons-nous un instant sur le sujet. Pourquoi une décision de la Cour suprême américaine rendait-elle nécessaire et urgente une modification de la Constitution française ?

Par l’arrêt en question, la Cour suprême américaine renversa sa jurisprudence précédente relative au droit à l’avortement aux États-Unis. Depuis 1973, elle considérait qu’il était garanti par la constitution fédérale des États-Unis, en conséquence de quoi il ne pouvait pas être remis en cause par une loi dans l’un des états fédérés (arrêt


Jean-François Collin

Haut fonctionnaire

Mots-clés

Nucléaire