International

À l’aube de la contre-offensive ukrainienne

Économiste

La contre-offensive tant espérée par les Ukrainiens a commencé depuis quelques jours. Les armées de libération n’ont toujours pas dévoilé ce que seront leurs lignes d’attaques principales. Quel bilan tirer de l’offensive russe d’hiver, puisqu’elle est la ligne de départ de la contre-offensive ukrainienne ? Que pourraient être les lignes de force de cette contre-offensive ? Et quelles sont ses chances ?

À l’heure où j’écris, le 18 juin au soir, il est clair depuis deux semaines que la contre-offensive tant espérée par les Ukrainiens a commencé, mais que les armées de libération n’ont toujours pas choisi ou dévoilé ce que seront leurs lignes d’attaque principales, et qu’elles en sont à « tâter le terrain » sans avoir engagé le gros de leurs fameuses brigades équipées et entrainées par « l’Occident ».

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Dans mon dernier article pour AOC (24 novembre 2022), j’en étais resté à ce qui s’est révélé être la « culmination » de leur offensive précédente, commencée fin août 2022 et qui a abouti à la libération de la rive droite du Dniepr et de l’oblast de Kharkiv, jusqu’au-delà de l’Oskil. J’en étais déjà à réfléchir à quelles conditions militaires l’Ukraine pouvait envisager un cessez-le-feu, même avant sa libération totale, objectif diplomatique minimal des négociations de paix. Et on en était encore loin. Il faudrait au moins couper en deux la zone d’occupation sud en atteignant la mer d’Azov et en isolant la Crimée, et sans doute aussi atteindre Starobilsk, le centre de toutes les routes de l’oblast de Louhansk. Un cessez-le-feu dans toute autre configuration ne ferait qu’autoriser Vladimir Poutine à « cranter » ses conquêtes dans un « conflit gelé » (provisoirement), comme il l’a fait en Géorgie, en Transnistrie, et par les accords de Minsk, avant de repartir à l’offensive.

On ne mesurait pas alors que toute offensive finit par « culminer ». Au-delà de l’Oskil, affluent majeur de la rivière Donetsk, les Ukrainiens semblaient faire tomber les unes après les autres les lignes de défense de l’occupant sur les affluents plus à l’est, jusqu’à la rivière Krasna, troisième affluent irriguant les villes de Kreminna au sud et de Svatove au nord. La route reliant Svatove à Koupiansk restait la limite nord du territoire libéré, mordant à peine sur l’oblast de Louhansk, à 70 km de Starobilsk. Et les choses en sont restées là : l’Ukraine n’avait plus les armes ni les homme


Alain Lipietz

Économiste, Ancien député européen (Vert)

Mots-clés

Guerre en Ukraine