Javier Milei et le pouvoir grotesque
La tentation est grande de voir dans l’élection de Javier Milei à la présidence de la nation argentine un accident de parcours dans la vie démocratique de la troisième puissance économique d’Amérique latine minée par un endettement chronique et une inflation proche de 140%. Inconnu dans son pays il y a encore trois ans, l’économiste libertarien l’a emporté un score de près de 56% des voix s’est fait connaître sur les plateaux de télévision et les réseaux sociaux par ses outrances verbales à la Trump ou à la Bolsonaro.

Depuis son élection nous n’ignorons rien de sa personnalité excentrique, de sa chevelure en bataille, de ses cinq chiens clonés qu’il qualifie de « meilleurs stratèges du monde » et qui portent le nom d’économistes libertariens tels que son maître à penser, Murray Rothbard, auteur de plusieurs ouvrages dont The Libertarian Manifesto (1973), de la tronçonneuse qu’il brandit au-dessus de sa tête comme un symbole des coupes budgétaires qu’il s’apprête à faire dans le budget de l’État.
Les commentateurs qui n’avaient que faire il y a encore quelques semaines de l’Argentine et de son nouveau président, se repaissent à longueur de talk-shows de ses déclarations outrancières qui font le buzz sur les réseaux sociaux. Qu’il attaque « L’État, ce pédophile dans un jardin d’enfants… avec des enfants enchaînés et baignés dans de la vaseline » ou qu’il s’en prenne au pape argentin, qualifié de « représentant du malin » sur terre ou de « fils de pute », Javier Milei ne connait pas de limites, ce qui en fait un client idéal pour les talk-shows et un candidat rêvé pour les réseaux sociaux. Le nouveau président s’en prend indistinctement aux « gauchistes de merde » (incluant le maire centre gauche de Buenos Aires), aux écologistes et aux féministes mais il peut aussi à la monnaie nationale ravalée au rang d’un « excrément » ce qui a provoqué une crise des changes. Il se propose d’interdire l’avortement, d’autoriser le commerce des armes et même la vente d’org