Du redoublement et de ses effets
Après l’annonce par le ministre, Gabriel Attal, de son intention de lever le « tabou » du redoublement, de nombreux médias ont relayé divers commentaires et évaluations de ce dispositif. Il se trouve que le redoublement est notre objet de recherche. Nous avons donc suivi avec attention les réactions dans le milieu éducatif. Nous observons que les prises de paroles et tribunes à ce sujet propagent pas mal d’idées reçues. Nous proposons de faire le point à propos de quelques idées reçues qui circulent en ce moment et permettent de répondre aux principales questions que se posent les personnes qui s’interrogent à ce propos.

Notre intention n’est nullement de soutenir une politique pro-redoublement. Il s’agit de dépasser la doxa sur ce sujet et la vision binaire (pour ou contre le redoublement) pour montrer qu’il s’agit d’une question plus complexe et nuancée qu’on ne le croit et d’établir les conditions d’un débat politique correctement informé. Car nombreux sont ceux qui, retranchés dans leurs certitudes sur le sujet, entendent confisquer le débat en faisant dire aux recherches sur le redoublement ce qu’elles ne permettent pas d’affirmer.
Inefficacité du redoublement ? Des résultats équivoques…
D’abord, et il est important de commencer par là. L’idée que toutes les recherches en éducation sont convergentes et que la pratique du redoublement est inefficace… est en fait erronée[1]. Plus précisément, on ne peut pas démontrer scientifiquement que le redoublement est négatif[2], et surtout qu’il vaut mieux faire passer automatiquement dans le niveau supérieur plutôt que de faire redoubler !
Une lecture attentive de la littérature montre que les conclusions qui aboutissent à la dénonciation pédagogique du redoublement sont fondées sur des études méthodologiquement fragiles[3] et des méta-analyses qui tendent à occulter les débats au sein de la communauté scientifique sur les effets du redoublement[4]. Les résultats des recherches récentes qui utilisent des méthodo