Réarmer l’école ? Mais de quelle guerre parlons-nous ?
«Réarmement » prescrit tous azimuts, école comprise, avec des adjectifs (comme « civique ») et des décisions du style « je ne veux voir qu’une oreille ! » à la clé… L’opinion, d’abord perplexe, se montre passive en se disant peut-être que, face au désarroi de la jeunesse et aux vices auxquels la conduirait l’oisiveté (le président de la République a explicitement esquissé la citation du proverbe !), toutes les activités annoncées au titre du réarmement joueraient le rôle qu’on attribue parfois aux clubs sportifs : « ça va au moins les occuper ! ». Et les éloigner du chemin du vice. Et de l’envie de manifester, puisque le même personnage a démontré qu’à l’origine de la mobilisation de bien des jeunes faisant suite à la mort de Nahel, il y avait leur désœuvrement consécutif à la désorganisation de la fin de l’année scolaire occasionnée par la réforme de son ancien ministre Blanquer (il serait alors le coupable ?) sur le baccalauréat ! Et non pas leur émotion, bien sûr, comme des naïfs ont pu le penser.

Prenons donc le mot à la lettre : il s’agirait non pas d’armer, mais de « réarmer ». C’est ce « ré » qui nous interroge. C’est-à-dire qu’on viserait l’atteinte d’un certain état d’« armement » qui aurait été celui de quelque passé. Alors que l’école contemporaine ne donnerait à voir que pacifisme béat et laisser-aller de permissionnaires en goguette ? Étrange : nous avons plutôt l’impression du contraire ! Et c’est ce que nous allons démontrer.
La stratégie, compétence fondamentale exigée des familles par l’école française dans la compétition sociale
C’est étonnant en effet, car en écrivant cela, on ne peut s’empêcher de songer à une réalité triviale : plutôt que de passivité béate, la réalité de beaucoup d’enfants, dès le collège, est celle d’un stress permanent face à la multiplication de « contrôles » dont le statut et les modalités sont loin de leur être clairs, trop souvent la morsure du jugement par l’échec, prélude au décrochage, l’obsession des préoccu