Corse : les nationalistes face à Macron
La victoire des nationalistes en Corse aux élections de 2015, largement confirmée en décembre 2017, a été l’aboutissement d’un long processus politique et social qui trouve ses origines dans la fin de l’empire colonial français. Les premières formes de revendication autonomiste sont en effet contemporaines de l’installation d’agriculteurs « pieds-noirs » au début des années 1960 et du tarissement progressif des débouchés qu’offrait à une partie non négligeable de la population corse l’administration des colonies. Elle s’explique également par l’épuisement d’une forme politique clientéliste, qui malgré son renouvellement relatif, n’a pas survécu à l’émergence de l’offre nationaliste, qui s’est fortement appuyée sur la lente et méthodique conquête d’une hégémonie culturelle. Les transformations démographiques et économiques des années récentes ont eu des conséquences sociales décisives. Comptant un peu moins de 300 000 habitants à la veille de la Première Guerre mondiale, l’île n’a cessé d’en perdre jusqu’au milieu des années 1960. Une nouvelle dynamique démographique est apparue alors, qui s’est intensifiée au cours de la dernière décennie. La croissance vigoureuse de la population est principalement l’effet de l’immigration soutenue d’étrangers, de rapatriés d’Afrique du Nord et de Français continentaux. Une part non négligeable de la politique de contestation s’est nourrie de l’opposition à l’installation durable de populations dites « allogènes ». L’invitation à quitter l’île a été l’un des éléments les plus spectaculaires de l’expression politique anonyme mais fort active qui a vu les routes de Corse s’orner de graffiti explicites (I Francesi fora, Arabi fora). Le discours nationaliste officiel a prêté une attention soutenue à la question démographique. Ainsi l’économiste Michel Castellani, nationaliste élu député à l’Assemblée nationale en 2017, affirme que l’évolution démographique « constitue un défi politique de première grandeur et une hypothèque dont la maî