Éducation

Laïcité : un vent mauvais souffle sur l’école

Historienne

Les récentes polémiques sur la place du voile à l’école, et les prises de position du ministre Jean-Michel Blanquer, ont révélé une inflexion majeure au sujet de la laïcité scolaire qui occupe les débats depuis 30 ans. Alors que, par le passé, les différents ministres ont réaffirmé le cadre républicain et laïque de l’enseignement tout en prônant le dialogue et la mise en place de pédagogies aussi inclusives que possible, il s’agit désormais de tordre le droit afin d’éradiquer tout signe religieux qu’il soit ostensible ou même discret (et particulièrement musulman) de l’école.

En cette fin d’année 2019, les débats sur l’école nous ont donné la mesure du vent mauvais qui souffle à nouveau sur cette dernière, autour des questions qui touchent à la laïcité et, principalement, à la laïcité scolaire. En France, l’école publique républicaine et laïque est loin d’être un champ autonome de la société et les débats qui la concernent directement ne sont jamais strictement circonscrits à ses seules actions éducatives.

Depuis sa fondation, sous la IIIe République, ils impliquent à la fois la prise en compte d’une conception de l’importance du rôle dévolu à l’État dans sa mission enseignante et une vision de ce que la République est appelée à transmettre aux futurs citoyens. Cela explique la caisse de résonance considérable que suscite chaque événement qui porte ou porterait « atteinte à la laïcité », puisque c’est désormais le vocable qui domine quand il s’agit d’enfants et d’adolescents confiés à l’école de la République.

Le principal enseignement vient du fait qu’à l’évidence, les « atteintes » peuvent aussi être le fait des adultes dont l’une des missions est pourtant de veiller à l’adhésion des élèves aux principes et aux valeurs de la République. On sait l’émotion qu’ont suscité, dans tout le pays et au sein même de la majorité présidentielle, les propos tenus par le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer au sujet de l’accompagnement de sorties scolaires par des mères portant un foulard dit « islamique » (hidjab), et ce, tout le long du mois d’octobre dernier. Celui-ci, dans une interview télévisée sur une chaine d’information en continu, a considéré que le port du foulard ne correspondait pas à « nos » valeurs communes, et que, sans être pourtant interdit, il ne devait pas être « encouragé » car il n’était « pas souhaitable dans notre société ».

Peu sensible à la polémique qui a suivi cette assertion qui semblait devoir l’exonérer du respect que chacun doit à la loi, il l’a depuis réitérée sur d’autres chaînes ou radios nation


Valentine Zuber

Historienne, Directrice d'études à l'École pratique des hautes études

Mots-clés

Laïcité