Coronavirus, une banale gestion sécuritaire de l’exception
La gestion de la crise par le gouvernement a fait l’objet de nombreuses critiques, plus ou moins justifiées. Naturellement, l’émergence d’un virus aux caractéristiques mal connues a suscité des réactions qui peuvent paraître désordonnées, ou même contradictoires. Les discours autour du port du masque n’en est qu’une des manifestations les plus évidentes. Face à l’inconnu et aux incertitudes qui en découlent, une certaine improvisation est forcément de mise.
Néanmoins, les politiques menées ne relèvent pas du hasard. Confrontés à la nouveauté, ou à des phénomènes méconnus, les gouvernements, ou l’ensemble des acteurs amenés à gérer un problème, ont tendance à apporter des réponses qui, avec le recul, sont redondantes et souvent stéréotypées. Plus exactement, ils s’inscrivent dans des mécanismes collectifs qui les amènent à réagir de manière finalement assez prévisible, alors même que les questions qui se posent sont de nature différente, ce que la sociologie de la décision a montré depuis longtemps[1].
Ainsi, si l’on compare la gestion de la crise de la Covid-19 avec celle d’autres grands problèmes publics, il est frappant de constater combien celle-ci a été « gérée » ou « accompagnée » d’une manière finalement assez courante, avec des réflexes et des habitudes que l’on retrouve dans d’autres politiques. Notamment, la gestion des politiques de sécurité, non pas sanitaires mais celles relevant de la gestion policière – même si les deux tendent à se confondre actuellement –, comporte de nombreuses similitudes avec la façon dont a été abordée la crise de février 2020, similitudes que nous nous proposons de souligner.
Ainsi, que ce soient les attentats de 2015, la crise des gilets jaunes ou celle de la loi travail, ou même la question de la sécurité du quotidien ou des contrôles d’identité, tous ces événements, plus ou moins prévisibles, ont généré des attitudes très semblables à celles qui ont émergé face à la pandémie.
Tout d’abord, le manque d’anticipation,