Inégalités et environnement : recomposer les mondes
L’évolution des sociétés contemporaines à toutes les échelles ne cesse d’interroger, d’interpeller et d’inquiéter, sans que l’on sache exactement quel sens lui donner, avec un sentiment grandissant de fragmentation, de délitement, de perte de repères, de disruption et de régression.

De multiples éléments ces dernières années donnent force à cette représentation : le surgissement de conflits de haute intensité sur fond de tensions géopolitiques croissantes et de chantage énergétique avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, membre permanent du conseil de sécurité, engagée dans une brutale dérive anti-occidentale, impérialiste et autoritaire, ou le conflit israélo-palestinien, nourri d’extrémismes de part et d’autre ; antérieurement, la guerre en Syrie à la suite de la répression des printemps arabes et de la montée du djihadisme après l’invasion de l’Irak par les États-Unis ; la nouvelle mainmise des Talibans sur l’Afghanistan après le retrait américain ; mais aussi la pandémie de Covid avec ses millions de victimes au Nord comme au Sud ; la montée des populismes et des nationalismes dans nombre de pays avec leurs corollaires, au premier rang desquels le Brexit en Europe, les radicalisations idéologiques aux États-Unis ou au Brésil et les menaces qu’elles font peser sur la démocratie, indissociables du regain des frustrations, des inégalités, des tensions et de la violence au sein des sociétés, pour ne citer que quelques exemples.
En même temps que l’on assiste, sur un plan apparemment différent, à une progression considérable des préoccupations environnementales avec l’amplification du réchauffement du climat reconnu comme une menace croissante objet d’une lente mobilisation d’un certain nombre d’États et de sociétés, figure de proue d’une dégradation environnementale sans précédent, érosion massive de la biodiversité, pollution de l’air à l’origine de 6,7 millions de décès annuels, pollution de l’eau, diffusion des pesticides, des PFAS (substances per-